Jacques Dupuis

Quaregnon, 1914 - Mons, 1984

Issu d'une famille de médecins de la région du Borinage, Jacques Dupuis ne suit pas la tradition familiale et choisit d'étudier l'architecture à l'École nationale supérieure d'architecture de La Cambre, à Bruxelles, où il rencontre Roger Bastin, avec qui il se lie d'une profonde amitié et complicité. 

Actif de 1937 à 1984, Dupuis réalise des logements et des équipements collectifs, des églises, des écoles, des centres sociaux, des infrastructures sportives et des maisons unifamiliales, mais aussi un grand nombre d'objets liturgiques, des décors et des aménagements. De 1940 à 1951, il travaille en association avec Roger Bastin. Ils construisent ensemble des cités sociales, des bâtiments d'entreprise, des sanctuaires religieux. Tous ces bâtiments témoignent d'un mélange d'audace dans le dessin et d'un attachement aux traditions. Cette conception imprègne sa première réalisation importante à Bruxelles, la villa Le Parador pour son frère Paul-Victor, en 1946. 

Par la suite, il s'associe à Simone Guillissen-Hoa, à Lou Bertot et, surtout, à Albert Bontridder avec lequel sa notoriété dépassera les frontières. Ses talents l'amènent aussi à travailler comme illustrateur et dessinateur, et à une production importante de peinture abstraite. Lors de l'Expo 58 à Bruxelles, il y aménage sept pavillons et habille le grand Palais 5 d'une façade parabolique lumineuse. 

Son tempérament anarchiste et provocateur, son refus des conventions, son désintérêt pour l'industrialisation de l'habitat et pour la production en série le mettent en marge des grandes commandes de l'époque. De plus en plus, entre les années 1950 et 1960, il se tourne vers une clientèle d'une classe moyenne en pleine ascension, souvent jeune et sensible à l'art contemporain. 

Il voyage partout dans le monde, mais ce sont surtout le Suédois Gunnar Asplund et le Finnois Alvar Aalto qui le marquent. Ils avaient réussi la synthèse entre modernisme et tradition. Leur démarche établit un dialogue entre l'intérieur et l'extérieur en ouvrant l'architecture à la nature et au paysage. De plus, ils ont fait éclater le plan traditionnel de la maison, introduisent la courbe, l'angle ouvert et la diagonale. Ce programme, Dupuis le radicalise dans ses maisons privées en échappant aux modes et aux conventions qui s'installent dans le modernisme, privilégiant un idiome et un univers de formes personnels. 

Maurizio Cohen