La Roncière
Jalon XX

Habitation unifamiliale

1960 - 1968 1960 - 1968 1960 - 1968
Réalisé

La maison Franeau, dite « La Roncière », constitue une expérience frappante par sa charge émotionnelle. Il s'agit d'une des réalisations majeures de l'architecte. L'ensemble des principes architecturaux avancés par Jacques Dupuis se trouve ici illustré, dans un cadre paysager hors du commun par sa taille et par son ambiance. L'avocat Paul-Henri Franeau achète, en 1959, trois ha de terrain au prince Albert de Croÿ. Dans le bois situé de l'autre côté de la route se trouve le pavillon que Dupuis a bâti en 1953 pour son oncle Alphonse Servais. Le terrain en pente offre la possibilité de construire une vaste résidence au nord de la propriété, en ouvrant une façade vers le sud pour profiter d'un dégagement visuel entre les arbres. Plusieurs avant-projets se succèdent au printemps 1960. Les dessins détaillés de l'exécution sont réalisés d'août 1961 à mars 1962. Albert Bontridder assure le suivi du projet. La maison s'étend dans un paysage boisé, qui la protège de la route, et utilise la pente naturelle pour se mettre en scène. On y accède par une allée carrossable de 50 m de long qui se termine en décrivant une ample courbe vers la gauche. À l'approche de l'entrée, le regard balaie le bâtiment de droite à gauche, des murs du garage qui s'élancent comme pour accueillir le visiteur, jusqu'à la rotonde de la salle à manger qui ponctue la composition. Sur cette façade, orientée au nord, seules des ouvertures fonctionnelles et techniques trouvent place. Elles permettent de garder le mystère et l'intimité.  De l'autre côté, la maison s'ouvre avec générosité vers le sud. On découvre successivement la rangée en oblique des chambres à coucher avec son rythme vertical de fenêtres et de volets, ensuite un petit patio abrité des regards, puis la silhouette basse et en avancée de la bibliothèque et du coin feu avec sa cheminée massive. Viennent ensuite la large terrasse et le cylindre rond fermé de la salle à manger. Le paysage s'enroule autour de ce volume, nettement plus haut que les autres parties de la maison. Il accroche la construction au sol par sa verticalité et par contraste vis-à-vis des lignes horizontales des corniches et de la terrasse. La construction s'inscrit dans le site grâce aux pentes douces des toitures parallèles au sol. 

Maurizio Cohen, Claudine Houbart

Sources
Fonds Jacques Dupuis : Dossier La Roncière, Archives et Bibliothèques d'architecture de la Faculté d'architecture de l'ULB
«Habitation à Erbisoeul près de Mons, Belgique» dans L'Architecture d'aujourd'hui, n° 124, février-mars, 1966, p.60-61
Jan Thomaes & Maurizio Cohen, Jacques Dupuis, l'architecte, Bruxelles : La lettre volée, 2000, p.257-263.
«La maison Franeau» sur le site Jacques Dupuis, en ligne http://www.jacquesdupuis.be/pg/archi/w5-franeau.html, consulté le 13/11/2013
«Inventaires» sur le site Jacques Dupuis, en ligne http://www.jacquesdupuis.be/pg/archi/inventaire.html, consulté le 08/11/2013
«Habitation de Maître Franeau, à Erbisoeul» dans La Maison, n° 12, décembre, 1965, p.399-401.