Chapelles mariales de Bertrix

Jalon XX

La ville de Bertrix est un nœud ferroviaire important entre Neufchâteau et Bouillon, épargné par les bombardements lors de la Seconde Guerre mondiale. Son chanoine décide de faire bâtir quatre chapelles en remerciement de cette chance. Bâties le long des routes d'accès à la ville, aux quatre points cardinaux, leur réalisation va durer une dizaine d'années. Elles participent à la démarche entreprise par l'abbé André Lanotte pendant les années de l'après-guerre. Chargé d'organiser la rénovation et la reconstruction des bâtiments religieux de la région, il est le moteur de l'innovation dans l'architecture et dans l'art religieux, en introduisant des langages contemporains novateurs et audacieux, tout en promouvant une génération de jeunes auteurs. Il s'agit d'un ensemble majeur de l'architecture belge d'après-guerre où les traditions constructives locales et les références au contexte se mélangent aux influences de l'architecture internationale et aux talents de nombreux artistes et de jeunes architectes. Chacune est conçue selon un principe différent en accord au site, au rapport au paysage et à l'implantation. Les chapelles sont à chaque fois une remarquable synthèse en termes de composition architecturale et des véritables leçons d'architecture avec des moyens limités, mais une expression poétique puissante. Elles déclinent de quatre manières différentes le même programme en arrivant à constituer un ensemble cohérent et équilibré qui surprend par le caractère lyrique et intemporel. Les quatre écritures architecturales sont nourries par une connaissance profonde des matériaux locaux (schiste et ardoises) mis en œuvre dans une synthèse efficace avec des structures en béton armé discrètes et élégantes. De nombreux détails témoignent de la complicité entre les architectes, les artistes et les artisans comme la Vierge de Bertrix. Une sculpture en laiton posée sur un autel en pierre : un couple d'anges aux pieds de la Vierge entourée d'une rayonnante auréole en amande. Dupuis dessine l'ensemble, Boulmant et Busine le réalisent à l'aide du batteur de cuivre, J. Deladrier. Conçue pour la chapelle de Notre-Dame de la Grâce à Renaumont, elle est aujourd'hui conservée dans l'église de Saint-Étienne à Bertrix. 

Maurizio Cohen