Henry Lacoste

Tournai, 1885 - Auderghem, 1968

 Fils d'un ferronnier tournaisien, Henry Lacoste se forme à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles (1904-1908), puis entre à l'École des beaux-arts de Paris d'où il sort diplômé en 1914. 

Après avoir participé au relevé du temple d'Apollon à Delphes avec l'École française d'Athènes (1913, 1914), il documente de nombreux bâtiments anciens sur le front de l'Yser pour la mission Dhuicque pendant la Première Guerre mondiale. 

Après le conflit, il construit à Bléharies l'une des premières églises à structure en béton armé apparent du pays, où l'iconographie inventive et insolite répond à la nouveauté des formes et des techniques (1919-1926). Parallèlement, il développe une réflexion originale sur les diverses typologies de l'architecture funéraire et commémorative : tombeau Planque à Allain (1920), monuments aux morts de Templeuve (1919-1921), ossuaire des soldats belges au Père-Lachaise à Paris (1922), etc. En collaboration avec Lucien De Vestel, il conçoit aussi le premier crématorium de Belgique à Uccle (1930-1932). Fixé définitivement à Bruxelles, il met en œuvre une forme personnelle d'Art déco, aux innombrables références historiques et culturelles, que l'on rencontre dans une lignée d'établissements médicaux et dans quelques habitations. 

Entre 1930 et 1955, il collabore aux fouilles belges de la ville romaine d'Apamée en Syrie. C'est l'occasion d'approfondir sa connaissance de l'architecture de l'Antiquité tardive et du Proche-Orient dont on retrouve de nombreuses traces dans son œuvre. 

Les pavillons d'exposition lui permettent de signer quelques-unes de ses réalisations les plus réussies, conjuguant l'ampleur monumentale du parti à la minutie et à l'érudition des détails : Paris, 1931 ; Bruxelles, 1935 ; Liège, 1939. Le pavillon de la Belgique à l'Exposition coloniale de Vincennes en 1931 marque le début d'un intérêt profond et durable pour les arts et la culture de l'Afrique centrale. 

Profondément croyant, il synthétise ses recherches sur l'architecture religieuse dans deux « cathédrales minières » pour les charbonnages du Limbourg à Zwartberg (1937-1941) et à Beringen (1938-1948). Il s'efforce d'y reconstituer la densité historique et iconographique d'un édifice ancien formé par la superposition d'interventions successives, parcourant l'histoire de la chrétienté des confins de l'Irlande au Proche-Orient. 

Pendant l'inactivité forcée de la Seconde Guerre mondiale, il élabore plusieurs plans d'urbanisme pour Tournai, Bruxelles, Namur, et étudie l'histoire de la cathédrale de Tournai. Après 1945, il réalise l'étonnante salle de lecture de la bibliothèque de Louvain (1944-1953), le séminaire des Pères Blancs d'Afrique à Thy-le-Château (1947), et conçoit, entre 1948 et 1959, une quinzaine de projets d'établissements ecclésiastiques au Congo belge, dont un seul sera partiellement réalisé à Mugeri. 

Professeur à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles de 1926 à 1955, il est aussi l'un des pédagogues belges les plus influents de son époque aux côtés de Victor Horta et d'Henry Van de Velde. 

Éric Hennaut