Cimetière militaire français du Plateau
Jalon XX

Cimetières

1924 - 1924 1924 - 1924 1924 - 1924
Réalisé

Avec ceux de Virton et de Maissin, le cimetière de Rossignol est le plus vaste de la région et accueille aujourd'hui les dépouilles de quelque deux mille cinq cents soldats français victimes de la bataille des Frontières d'août 1914, dont deux mille trois cent septante-neuf soldats inconnus regroupés dans deux ossuaires. Parmi ces victimes, on retrouve le lieutenant Ernest Psichari, écrivain français, en l'honneur duquel un autel est inauguré à l'initiative du Comité Psichari. Le projet est confié à Louis Madeline, architecte français, et à Henry Lacoste. Ce dernier développe entre autres, à cette époque, une réflexion originale sur le thème de l'architecture funéraire et commémorative qui donne lieu à de nombreux projets et réalisations, dont notamment le monument des soldats belges édifié en 1922 au cimetière du Père Lachaise à Paris. Le cimetière a été conçu comme une « basilique forestière », dont les arbres symbolisaient les colonnes soutenant la voûte du feuillage. Aujourd'hui, ces arbres ont malheureusement disparu lors de la tempête de 1989. Nonobstant, le site a gardé sa solennité et sa prégnance. Après avoir longé un petit étang et un muret bas en pierre, on accède au cimetière latéralement, pour ensuite franchir les différentes terrasses engazonnées encloses de murs rectilignes et en forme d'exèdres. En signe de respect, la déambulation ne se fait pas dans l'axe du ciborium qui domine le site. Ce dernier est bâti en pierre jaune clair du pays, extraite de la carrière du Pas-Bayard à Longwy. L'imposant dais, d'une hauteur de 10 m et au centre duquel s'implante l'autel, présente une forme de pyramide ornée d'éléments hémisphéroïdes et repose sur quatre colonnes. L'espace autour du ciborium devait initialement être clos par des piliers-lanternes sur lesquels auraient été gravés des extraits de l'œuvre de Psichari, mais qui n'ont jamais été édifiés. Malgré ces incomplétudes et la végétation d'origine disparue, le site fascine encore par sa force symbolique. À quelque 900 m de là vers le nord, au bord de la route qui relie Rossignol à Neufchâteau, côté est, se situe le cimetière militaire français du Plateau, dont l'accès aux huit cent septante-quatre tombes implantées en cercle parfait dans la forêt se fait via un porche en schiste et une petite esplanade emmurée de forme carrée.

Jean-Paul Verleyen

Sources
Traces et mémoires 14-18, La Roche-en-Ardenne, Fondation touristique du Luxembourg belge asbl, 2014, p.40-41.