Reconstruction d'une ancienne maison pour le compte des Brasseries Carbonelle et Dumortier, ce projet, plusieurs fois repris, s'étalera sur plus de dix ans, des premières esquisses de 1928 à sa réalisation en 1939. L'architecte se voit imposer le respect de formes archéologiques, parmi lesquelles la forme d'un pignon à rampants courbes. S'insurgeant contre une vision absurde et passéiste de l'architecture, Henry Lacoste utilise des éléments d'inspiration gothique qu'il magnifie pour la façade de la Grand-Place. Le dessin puissant et volontaire qu'il propose contraste avec le pignon voisin, que son confrère et ami Jules Wilbaux réalise à la même époque pour la maison « Au Baillage » (1937-38). Les proportions généreuses des fenêtres à meneaux laissent pénétrer largement la lumière. Les moulurations accentuées du balcon à encorbellement et du passage couvert vers la ruelle du Réduit des Sions se répondent en positif et en négatif. Dans cette ruelle, l'architecte joue beaucoup plus librement avec les codes et se permet une architecture plus personnelle. Si l'on retrouve les grands seuils de pierre inclinés de la façade principale, il joue ici avec de puissants trumeaux de briques aux angles arrondis. Alors que le corps de bâtiment principal hiérarchise les niveaux en donnant toute l'importance au premier étage par un large balcon ouvert sur la place, la construction arrière assume clairement ses cinq niveaux fonctionnels. Une belle porte de bronze s'ornemente de masques inspirés des comédies antiques, alternant avec des ouvertures couvertes de boîtes aux lettres. Lacoste en a confié le dessin au sculpteur Nathan Iménitoff.
Quentin Wilbaux
Sources |
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Éric Hennaut & Liliane Liesens, Henry Lacoste architecte 1885-1968, Bruxelles, AAM éditions, 2008, p.174-176. |