Palais permanent de la Ville de Liège
Jalon XX

Avec la plaine de jeux reine Astrid, le palais est le seul bâtiment pérenne de l'Exposition de 1939. Architecte en chef de la Ville depuis 1936, Moutschen est alors âgé de 32 ans et déjà l'auteur d'une œuvre magistrale, le lycée de Waha

Érigé en un an, conçu dès l'origine comme patinoire, la construction est dotée d'un plancher amovible et d'une scène glissant sur rails suspendus pour accueillir toute manifestation d'envergure. À l'époque, c'est la plus grande patinoire de Belgique et l'une des plus importantes d'Europe. Longue de 90 m, large de 40 m et haute de 19,5 m, la salle principale offre un vaste volume sans supports intermédiaires grâce à une ossature en béton. Chauffée par air pulsé, elle est éclairée par une toiture en sheds soutenue par des contreforts visibles en façade et sans supports intermédiaires. Mais la prouesse technique revient à la tribune suspendue en béton (781 places) d'une portée de 42 m. Sur le pourtour de ce grand volume fermé viennent se lover de petits espaces, salles de conférences et de réception à l'origine, de sport jusqu'il y a peu. 

La fonctionnalité prime dans la conception du bâtiment, dont l'austérité est tempérée par le revêtement en plaques de terre cuite, suivant une gradation de couleur allant du violet foncé au rouge clair et, comme au lycée de Waha, en recourant aux collaborations d'artistes – depuis son entrée en fonction, l'architecte est un promoteur du rapprochement entre architecture et arts plastiques dans les bâtiments publics. 

Le sculpteur A. Salle réalise ici deux bas-reliefs, un buste et un Dionysos dansant au rythme du tambourin. L'œuvre la plus marquante est le bas-relief d'A. Wansart, couvrant toute la largeur de l'entrée principale : Liège, les Sciences et les Arts. De part et d'autre de l'allégorie de la Ville, l'histoire industrielle et culturelle liégeoise est représentée : à gauche, la muse de l'électricité fait face à l'armurier et au Val Saint-Lambert et, à droite, la muse des arts et des sciences toise les allégories des arts, Grétry et Franck. Assez curieusement, le trait oscille, d'un personnage à l'autre, entre stylisation et réalisme. 

À l'ouverture de la nouvelle patinoire, le bâtiment est désaffecté ; son avenir est intimement lié au projet d'écoquartier développé sur le site.

 

Isabelle Ledoux

Sources
Yvon Falise, «L'Exposition de Liège 1939, expérience d'architecture et d'urbanisme rationnel» dans L'Ossature métallique, n° 7-8, juillet-août, 1939, p.332-333.
L. Novgorodsky, «L'exposition internationale de l'Eau, à Liége» dans La Technique des travaux, n° 8, Liège, août, 1939, p.401-416.
Thérèse Cortembos, Liège, Liège, Mardaga, 2004
«La technique constructive des expositions» dans L'ossature métallique, n° 7-8, juillet-août, 1939, p.309-337.
Yvon Falise, «L'architecture de l'Exposition Internationale de l'Eau, Liège 1939» dans L'ossature métallique, n° 1, janvier, 1939, p.1-4.
Isabelle Ledoux, L'Exposition de l'Eau, Liège 1939 : aménagements extérieurs, urbanisme, architecture, jardins et fontaines, statuaire, Liège, Université de Liège, 1997