Plaine de jeux et crèche Reine Astrid
Jalon XX
La création des congés payés en 1936 rend indispensable la création d'infrastructures de loisir surtout pour les familles qui n'ont pas les moyens de se rendre à la mer ou à la campagne. Par sa situation, à proximité du quartier populaire Saint-Léonard, le parc Astrid répond à ce besoin. La construction prend également place dans un contexte de prise de conscience des efforts sanitaires à réaliser dans le domaine de la jeunesse et de la petite enfance. Le Groupe L'Équerre – qui vient de publier dans la revue éponyme deux dossiers sur les liens entre pédagogie et architecture scolaire – est choisi pour son expertise théorique.
Situé en contrebas, à l'abri des vents et du bruit de la route, le bâtiment est composé de deux ailes. Les préaux occupent le rez-de-chaussée, séparés de l'extérieur par des cloisons amovibles. Les étages abritent le réfectoire, l'infirmerie et les vestiaires accessibles par des rampes en pente douce adaptées aux enfants, et, enfin, au sommet, les appartements du concierge et du directeur. Composée de volumes simples et percée de grandes baies constitués de dalles standardisées en béton – offrant les meilleures conditions d'isolation phonique et thermique de l'époque –, établie sur pilotis selon un plan et une façade libres, pourvue d'un toit-terrasse, la crèche est un manifeste de l'architecture prônée par Le Corbusier, que les architectes côtoient dans le cadre de la préparation de l'Exposition internationale de l'eau de 1939.
Parc et bâtiment sont conçus en réciprocité et en harmonie. Les espaces extérieurs, verdoyants, maintiennent les arbres existant sur le site. Barboteuses, plage, pistes de course et de saut, terrains de basket et de tennis, entre autres, se répartissent en fonction de l'âge d'utilisation (avant et après 6 ans) de part et d'autre du bâtiment. Le tracé des chemins et des plans d'eau répond en écho aux formes arrondies de l'aile courbe.
Vitrine de la politique communale de l'enfance à l'Exposition, il est aussi la trace de l'effort moderne et de la vision architecturale initiée à Liège par l'échevin des Travaux publics, Georges Truffaut, à la fin des années 1930 et, aujourd'hui, un exceptionnel témoignage de l'avant-garde belge.
Isabelle Ledoux
Sources |
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Sébastien Charlier, «Une histoire des plaines de jeux en Belgique. Le cas de la Reine Astrid à l'Exposition internationale de l'Eau à Liège en 1939» dans Art&fact, n° 29, 2010, p.90-103. |
«Les grandes Expositions. Leur incidence sur les développements urbains» dans Le mouvement communal, n° 267, Bruxelles, janvier-mars, 1952, p.39 |
Isabelle Ledoux, L'Exposition de l'Eau, Liège 1939 : aménagements extérieurs, urbanisme, architecture, jardins et fontaines, statuaire, Liège, Université de Liège, 1997 |