C'est à l'initiative de Georges Truffaut (Parti ouvrier belge), échevin des Travaux publics en 1935, que l'Institut supérieur libre des demoiselles, devenu lycée en 1925, est déplacé vers le site des anciennes verreries d'Avroy. Témoin majeur de l'architecture scolaire en Belgique, ce vaste complexe moderniste est conçu par l'architecte de la Ville nouvellement désigné (1936), membre à ses débuts de la revue L'Équerre, qui conjugue architecture rationnelle, préoccupations hygiénistes et intégration artistique ambitieuse (5% du budget y sont consacrés).
En béton armé et maçonnerie sur pieux Franki, équipée à la pointe (acoustique, air conditionné et air pulsé, ascenseurs), la construction est réalisée en un temps record, participant à la modernisation des infrastructures communales – écoles, crèche et plaines de jeux, bains publics – impulsée à la veille de l'Exposition internationale de l'eau (1939). Vers le boulevard, le bâtiment présente une façade-écran (30 x 31 m) revêtue de dalles de petit granit, animée par trois hauts-reliefs en pierre blanche (L. Dupont, A. Salle et R. Massart). Au rez-de-chaussée, le porche donne accès à un vaste hall d'entrée, surmonté au premier étage par une salle des fêtes de huit cent cinquante places, de plan trapézoïdal, ornée de fresques (A. Mambour et R. Crommelynck). Un abri antiaérien est logé au sous-sol (1 000 personnes). Derrière cette aile massive formant tampon entre le boulevard et l'école s'étend une vaste cour rectangulaire (2 400 m²). Elle est bordée, d'un côté, par une longue aile perpendiculaire de six niveaux, abritant sur les trois premiers vingt-sept classes de 7,75 sur 7,50 m, éclairées par de vastes baies munies de fines menuiseries métalliques ; au quatrième, un dortoir et nonante chambres, ceinturés d'un couloir de ronde ; au cinquième, un réfectoire, salles d'étude, de jeux et une galerie-promenade ; enfin, en toiture, le solarium.
Dans le fond de la cour, une troisième aile abrite les gymnases. En retour d'angle s'élève une piscine agrémentée de panneaux de mosaïques représentant des compositions sous-marines (A. Dupagne), faisant face à un vitrail évoquant les sports nautiques (M. Caron).
De nombreuses œuvres des meilleurs artistes liégeois de l'entre-deux-guerres sont intégrées à l'édifice : bas-reliefs dans le hall d'entrée (O. Berchmans), mosaïques (É. Berchmans) et deux bustes dans la cour (R. Motte), peintures dans les classes de chimie et de physique (F. Steven) et dans la classe de musique (E. Scauflaire) ...
Flavio Di Campli
Sources |
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S. Pecoraro & Pierre-Yves Desaive, Le patrimoine moderne et contemporain de Wallonie de 1792 à 1958 : Liège. Le lycée Léonie de Waha, Ministère de la Région wallone, 2006, p.246-260. |
J. Brose, «De la verrerie d'Avroy au lycée Léonie de Waha» dans Si Liège m'était conté..., n° 57, 1975, p.5-7. |
«Les installations de ventilation au lycée Léonie de Waha» dans Bâtir, n° 69, Bruxelles, août, 1938, p.367 |
«Au lycée de jeunes filles à Liège : l'accoustique» dans Bâtir, n° 69, Bruxelles, août, 1938, p.366 |
«Au lycée Léonie de Waha à Liège» dans Bâtir, n° 69, Bruxelles, août, 1938, p.364-365. |
Pierre-Louis Flouquet, «Vers le "Grand Liège". Interview de M. Georges Truffaut, échevin des travaux publics» dans Bâtir, n° 54, Bruxelles, mai, 1937, p.1185-1186. |
Pierre-Louis Flouquet, «Le lycée Léonie de Waha à Liège» dans Bâtir, n° 74, Bruxelles, janvier, 1939, p.10-15. |
L. Novgorodsky, «Le lycée pour jeunes filles Léonie de Waha, à Liège» dans La Technique des travaux, n° 12, Liège, décembre, 1939, p.625-639. |
Sébastien Charlier, «Le Lycée Léonie de Waha» dans Les Nouvelles du Patrimoine, n° 115, janvier-février-mars, 2007, p.24 |
«Le Lycée pour jeunes filles Léonie de Waha, à Liège» dans L'Emulation, n° 2, Bruxelles, février, 1939, p.21-26. |