Marcel Depelsenaire

Ath, 1890 - Loverval, 1981

Bien que méconnu, Marcel Depelsenaire est un des plus talentueux architectes wallons de l'entre-deux-guerres dont l'œuvre est principalement carolorégienne. 

Il participe au renouvellement de l'architecture régionale par la symbiose qu'il réalise entre le langage expressionniste de l'École d'Amsterdam et les modèles de l'architecture domestique anglaise. 

De 1907 à 1912, il est inscrit à l'Académie des beaux-arts et l'École des arts décoratifs de Bruxelles et effectue son stage chez Jules Piquet (1846-1925). 

Sa déportation en Hollande, de 1914 à 1918, sera déterminante pour la suite de sa carrière, notamment par la confrontation directe avec les œuvres de Michel de Klerk ou Piet Kramer. 

De retour en Belgique, il s'installe à Charleroi et s'associe pendant dix ans avec l'architecte Jules Laurent (1888-1972). Cette première période de sa carrière (1920-1930) est marquée, d'une part, par la réalisation d'un lotissement résidentiel bourgeois, le Grand Chéniat à Loverval, influencé par l'urbanisme anglo-saxon et, d'autre part, par une série de commandes privées, principalement à Charleroi (maison Dermine en 1920, maison personnelle en 1923, magasin Cauvin et immeuble Bertinchamps en 1926), ainsi qu'à Ath et Mons. Les deux architectes fondent l'entreprise Art décoratif et aménagent de nombreux magasins et habitations. 

Après 1930, Marcel Depelsenaire travaille seul à la construction ou à l'aménagement d'habitations bourgeoises et de petits immeubles à appartements. C'est dans ces derniers qu'apparaissent le plus clairement les emprunts à l'architecture hollandaise. Ces immeubles d'angle (résidence Plein Air en 1936, immeuble Genevrois en 1937) se distinguent par le traitement des façades animées d'ondulations ou de jeux particuliers de volumétrie. L'une de ses œuvres les plus abouties est sa résidence de Loverval élevée en 1927 dans un « style forestier », selon ses propres termes, à l'entrée du Grand Chéniat. Elle illustre bien la manière dont il assimile le style du cottage anglais et son goût pour l'intégration de détails pittoresques ou de figures d'animaux fantastiques. 

Après 1945, ayant cédé son bureau à son fils Jacques, il se consacre essentiellement à la peinture et à la publication d'ouvrages régionaux illustrés de ses propres dessins. 

Anne-Catherine Bioul