Marcel Depelsenaire et Jules Laurent réalisent ici l'une des premières expressions du modernisme à Charleroi, dans la lignée des œuvres d'Antoine Pompe et Fernand Bodson à Bruxelles. L'habitation est, en réalité, une combinaison entre une maison unifamiliale et un appartement. Les deux logements fonctionnent indépendamment l'un de l'autre et possèdent chacun leurs circulations. Comme pour beaucoup de ses réalisations, Marcel Depelsenaire marque l'angle à l'aide d'un pan coupé en saillie. Des briques saillantes y sont posées au bel-étage. Au-dessus de la fenêtre d'angle, une console taillée dans la pierre soutient les étages supérieurs. La corniche faisant le tour de la toiture plate est interrompue au niveau de l'angle, laissant apparaître le polygone formé par les deuxième et troisième étages. L'ensemble du volume est cohérent. Le soubassement est composé de moellons, ensuite de pierre de taille, avant de laisser place à la brique pour le reste de la construction. Certaines sont posées en boutisse, notamment entre les fenêtres du premier et du deuxième étage et sous la corniche. La diversification des baies donne une dynamique à l'ensemble. Ces fenêtres sont, pour certaines, pourvues de vitraux originaux, notamment celle donnant sur le hall. La porte d'entrée, entourée de pierres, est placée dans une travée légèrement en saillie. L'aménagement intérieur, plutôt compact, est classé comme le reste de l'édifice. Au bel-étage se situent la salle de séjour et la cuisine. Le premier étage est entièrement dédié à l'appartement alors que les chambres et la salle de bains se trouvent au second. Les matériaux sont luxueux ; marbre, palissandre, vitraux, etc. La qualité d'aménagement intérieur a permis de ne pas devoir faire de transformations pour de nouveaux locataires lorsque le fils du commanditaire a quitté son appartement.
Irene Lund
Sources |
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Geneviève Laurent & L.-F. Genicot, L'oeuvre architecturale de Marcel Depelsenaire à Charleroi, UCL, archéologie et histoire de l'art, 1996 |
Institut français darchitecture, Charleroi, la ville-haute, Paris, Norma, 1998 |
Alain Dauchot & Jean-Alexandre Pouleur & Anne-Catherine Bioul, Charleroi, ville d'architectures : du temps des forteresses aux années folles, 1666-1940, Charleroi, Espace Environnement, 1992 |
Valérie Ruidant & Anne-Catherine Bioul, «La maisin Bertinchamp à Charleroi» dans Les Cahiers de l'Urbanisme, n° 77, décembre, 2010, p.57-59. |