Éperon forestier entre les vallées de l’Ourthe et de la Meuse, le Sart-Tilman annonce le paysage boisé de l’Ardenne, au sud de la faille géologique de la Meuse.
Épargné par les effets de l’industrialisation du XIXe siècle, il suscite l’intérêt du secteur de la promotion immobilière, dès la fin des années 1930, avec la création de la route du Condroz. Son maintien mobilise les pouvoirs publics : le site est intégré dans le plan d’aménagement de l’agglomération liégeoise du Groupe L’Équerre, qui y propose, en 1956, l’installation de l’Université, alors à l’étroit et disséminée dans la ville historique.
La nouvelle implantation universitaire vise à doter Liège d’un nouveau quartier spécialisé – et non à créer une ville nouvelle, comme Louvain-la-Neuve, autre expérience majeure de l’urbanisme et de l’architecture universitaire en Belgique contemporaine.
Les premiers terrains sont acquis en 1959 et la vision développée par le recteur, Marcel Dubuisson, va préserver les qualités paysagères et naturelles du site, tout en s’appropriant – dans un acte fondateur pour le développement architectural à venir – la maîtrise d’ouvrage de l’ensemble des constructions, jusque-là assurée par le ministère des Travaux publics. Claude Strebelle, alors actif au Congo belge avec le groupe Yenga, est désigné architecte coordonnateur, invitant plusieurs architectes majeurs qui y traduiront les grands courants de l’architecture moderne et de son évolution en Belgique.
Le plan d’urbanisation adopte la forme d’un fer à cheval autour de la vallée abrupte et encaissée du Blanc-Gravier, préservée, localisant les bâtiments et chemins d’accès là où le couvert végétal est le plus dégradé.
Le 6 novembre 1967, les premiers bâtiments sont ouverts alors que l’enseignement supérieur et la recherche scientifique sont considérés comme les moteurs du développement économique et du progrès social, et qu’un parc scientifique est créé en bordure du site. En 1977, le Musée en plein air du Sart-Tilman est fondé, constituant jusqu’à nos jours une collection unique d’art public.
Avec la réduction de la dotation publique, le redéploiement de l’Université ralentit, mais le transfert se poursuit. En 1982, Claude Strebelle est déchargé de sa mission d’architecte coordonnateur, un poste qu’assumera ensuite le professeur Jean Englebert.
En 1989, la décision est prise de maintenir le rectorat, les services administratifs et la Faculté de philosophie et lettres sur le site de la fondation historique de l’Université, en 1817, place du XX Août. Les investissements se poursuivent ponctuellement au Sart-Tilman depuis 1991.
Rita Occhiuto, Arie de Fijter, Marc Goossens, Paul Hautecler et Pierre Frankignoulle