Victor Bourgeois
Charleroi, 1897 - Bruxelles, 1962
Architecte, urbaniste, enseignant à l'Institut supérieur des arts décoratifs de La Cambre à Bruxelles, il est la figure centrale du Mouvement moderne en Belgique. Très sensible aux problèmes sociaux, il se distingue non seulement par l'ampleur de son œuvre construite et écrite, mais aussi par le rôle décisif qu'il joue comme médiateur culturel, fondateur des revues artistiques, organisateur d'expositions.
Originaire de Charleroi, V. Bourgeois étudie l'architecture à l'Académie des beaux-arts de Bruxelles pendant la Première Guerre mondiale. En 1919, il fonde avec son frère, le poète Pierre Bourgeois, le Centre d'art résolument avant-gardiste, ainsi que les revues Au Volant et Le Geste. C'est autour des frères Bourgeois et de l'hebdomadaire 7 Arts lancé en 1922 avec Pierre-Louis Flouquet, Karel Maes et Georges Monier que se forme, dans les années 1920, le noyau du Mouvement moderne en Belgique. La même année, il construit la Cité moderne, une cité-jardin de deux cent septante-cinq logements sociaux à Berchem-Sainte-Agathe. Grâce à la publication de la cité moderne dans 7 Arts, Bourgeois bénéficie dès sa jeunesse d'une reconnaissance internationale.
En 1927, il est le seul Belge à réaliser une habitation à la cité du Weissenhof, à Stuttgart. Un an plus tard, il fait partie, avec Huib Hoste, de la délégation belge au premier Congrès international d'architecture moderne (Ciam). En sa qualité de vice-président, il s'implique activement dans l'action de cette organisation. C'est à sa suggestion que le deuxième Ciam a lieu à Francfort, en 1929, et le troisième à Bruxelles. Lors du quatrième Ciam autour du thème de la ville fonctionnelle, il propose une analyse des villes de Bruxelles et de Charleroi.
Malgré une carrière internationale remarquable, V. Bourgeois est obligé de se concentrer, dès 1925, sur des commandes à petite échelle, comme la plupart de ses confrères modernistes. Après son habitation personnelle à Koekelberg (1925), il construit une série de maisons et de villas modernistes raffinées. Dans les années 1930, Bourgeois semble renoncer peu à peu à ses ambitions architecturales pour se consacrer à l'aménagement du territoire. Il participe, avec René De Cooman, à l'Intercommunale des œuvres sociales du Pays de Charleroi, à la planification et à la réalisation d'équipements sociaux dans la région carolorégienne. Si son œuvre construite dans l'entre-deux-guerres comprend peu d'exemples, celle de l'après-guerre en compte un nombre important : l'extension de la maternité Reine Astrid au centre de Charleroi, l'extension de la Cité de l'enfance à Marcinelle (toutes les deux en collaboration avec Marcel Leborgne*), la pouponnière Le Berceau également à Marcinelle et plusieurs cités d'habitations sociales.
Dans l'après-guerre, Bourgeois publie, en collaboration avec René De Cooman, l'essai Charleroi terre d'urbanisme.
Iwan Strauven