Cinéma Caméo
Jalon XX

Cinémas

1933 - 1934 1933 - 1934 2013 - 2016 2013 - 2016 2013 - 2016
Réalisé

Dans le contexte sociopolitique de l'entre-deux-guerres, le besoin de distraction est vital. Le Caméo, construit au début des années 1930 dans le quartier des Carmes en plein essor, comble d'images le public namurois. Son architecture Art déco combine plusieurs éléments fonctionnalistes intéressants, dont la toiture plate et, en façade, les loggias centrales et leurs balustrades de style paquebot. 

L'intérieur est plus étudié, voire maniéré. Le vaste hall, notamment, comporte de grandes dalles de granito au sol et affiche des compositions murales fantastiques de stuc. Encore au stade du cinéma muet, le Caméo va connaître les heureuses innovations du septième art, puis être chamboulé par l'évolution des modes de vie. 

Dans les années 1950, l'arrivée du petit écran a un impact sur le nombre de spectateurs. Comme d'autres complexes cinématographiques en centre-ville, le Caméo cherche à s'adapter. À l'origine aménagé autour d'une salle unique majestueuse, il est subdivisé dans les années 1970 en six salles de projection. Ces modifications effectuées sans grande considération pour l'espace initial dénaturent l'organisation interne du bâtiment et engendrent une perte de confort visuel et acoustique. Les interventions éparses ultérieures ne cesseront de masquer celles qui les précèdent. 

En 2005, la Ville de Namur rachète l'édifice dans l'idée de maintenir un cinéma en cœur de ville. Elle pense à le démolir vu son état, mais une opération de sauvetage assure une rénovation globale, dont celle de la façade, afin de préserver l'unité de style du quartier. 

Les architectes désignés par concours – associés à l'asbl les Grignoux qui exploitent plusieurs cinémas à Liège, dont celui réalisé par V+ (Sauvenière, 2008) – procèdent à une série d'opérations ciblées : rouvrir les grandes baies à rue de la façade qui, ainsi, retrouve un caractère public ; réorganiser et clarifier les circulations entre le flux des spectateurs entrants et sortants ; redonner des proportions plus correctes aux salles existantes et assurer leur accessibilité aux personnes à mobilité réduite ; apporter plus de confort dans les espaces d'accueil du public ; mettre le cinéma en conformité en termes d'acoustique interne et vis-à-vis des voisins. 

Ouvert pour la trentième édition du Festival international du film francophone (FIFF), le bâtiment tel qu'il se présente aujourd'hui redonne toutes ses lettres de noblesse au Caméo qui rayonne, comme il le faisait autrefois sur l'ensemble du quartier.

(voir aussi : Quartier des Carmes à Namur ; Galerie Wérenne ; Immeubles rue des Croisiers et des Carmes ; Immeuble rue des Carmes, 64 ; Ancien magasin Bocca-Ronvaux ; Immeuble rue des Croisiers, 9-11 ; Crédit mutuel hypothécaire  ; Immeuble rue Saint-Joseph, 28-30 ; Immeuble rue des Carmes, 35 ; Maison rue Saint-Joseph, 16 ; Passage Saint-Joseph)
 

Cécile Vandernoot

Sources
M. C. Van Custem, À propos de l'Art déco : la rue des Carmes à Namur, Louvain-la-Neuve, UCL, Licence en Histoire de l'art, 1986
Archives de Vers plus de bien-être (V+)
«Projects» sur le site V+, en ligne http://www.vplus.org/, consulté le 01/02/2020