Place des Guillemins

Sélectionnée en 2003, l'équipe a créé un schéma qui incorpore les nombreuses et très hétéroclites questions posées par ce site, en partie dégagé par la démolition d'îlots bâtis lors du chantier de la gare. Située au cœur d'un faisceau de rues, la place définit une forme triangulaire ouverte en direction de la Meuse. 

Sur le plan fonctionnel, elle a été voulue comme un espace polyvalent et flexible. En plus d'assurer un rôle de lieu de rassemblement, le site se présente surtout comme un carrefour de circulations multimodales : les différents moyens de transport (train, vélo, bus, bientôt tram), qui connaissent ici des fréquences élevées, s'y trouvent connectés et intégrés dans des séquences cohérentes et fluides. C'est physiquement sensible dans le confort octroyé par l'emploi au sol de grandes dalles de béton désactivé (3 x 4 m), qui facilitent le passage des nombreux usagers munis de valises. Les architectes ont d'ailleurs traité avec un soin particulier l'ensemble des circulations piétonnes structurées par l'implantation du végétal aux tailles multiples – pelouses, bambous, prunus, sophoras  du Japon – et la présence de trois bassins, animés de vagues et alimentés par un puits de 30 m de profondeur. 

Une autre zone munie d'un système de jets aléatoires à même le sol renchérit sur la convivialité du lieu. Une attention accrue a été portée à l'éclairage nocturne principalement basé sur la technologie LED. Les signaux ponctuant les deux ronds-points étudiés en collaboration avec J. Glibert, la disposition des sources lumineuses au bas des colonnes et des troncs d'arbre ainsi que les mâts d'éclairage routier de faible hauteur créent une animation visuelle qualitative. Mais, surtout, ils participent à l'intégration des différentes expressions architecturales en présence, et en particulier la gare qu'ils mettent en valeur, sans effet ostentatoire, en la raccrochant à son contexte. 

La place des Guillemins peut ainsi être comprise comme un vide intermédiaire entre le quartier et les nouvelles installations ferroviaires. Elle régule le gigantisme de ces dernières et tempère ainsi la rupture d'échelle avec le bâti environnant. 

Le projet initial courait jusqu'à l'entrée de la gare, remplaçant le revêtement provisoire placé à l'inauguration de la station ; en raison des surcoûts liés à la pollution historique du site, il en a été malheureusement imputé. Dans la foulée de ses recherches pour la place des Guillemins, le bureau Dethier Architecture a, selon une volonté de requalification du quartier, travaillé sur une proposition d'esplanade en direction de la Meuse, se prolongeant par une passerelle vers le quartier du Longdoz.

Pierre Henrion