En gestation depuis 1987, le projet d'une nouvelle gare, destinée à accueillir à la fois les trains classiques et ceux à grande vitesse, se concrétise en 1996. Un concours européen d'architecture est lancé : la sélection du lauréat est basée sur son curriculum vitae. L'ingénieur et architecte espagnol Santiago Calatrava, remarqué pour ses gares de Zurich, Lyon et Lisbonne et choisi pour sa singularité technique et esthétique, présente la maquette du projet en 1997.
Le projet impose d'importants aménagements : la simplification et la refonte du gril ferroviaire pour donner la priorité à la relation la plus fréquentée Bruxelles-frontière allemande, réduire le nombre d'aiguillages et accroître la vitesse d'entrée en gare ; le déplacement de la nouvelle gare par rapport à l'ancienne (E.G.A.U., 1958), démolie en 2007, pour réaliser cinq quais rectilignes (certains longs de 450 m pour les doubles rames de TGV) ; la réalisation de la cabine de signalisation informatisée. De larges pieux en béton profondément enfoncés garantissent la stabilité du sol (schiste houiller), la maquette éprouvée par des tests de vents violents confirme la stabilité de la structure. Le béton blanc, l'acier et le verre sont les matériaux de prédilection de l'ingénieur-architecte qui utilise de la pierre bleue de Wallonie pour les sols de l'édifice, lisse à l'intérieur et bouchardée à l'extérieur, ainsi que pour le mobilier.
Semblable chantier, où le trafic ferroviaire n'est pas interrompu, nécessite une technologie de pointe. Constituée de trente-neuf arcs en acier culminant à 40 m et s'appuyant sur les passerelles, la voûte repose sur dix quadripodes inversés. De 2005 à 2006, une technique unique en son genre de poussages successifs à l'aide de vérins hydrauliques, développée par le bureau Greisch, permet l'installation de la structure, préalablement assemblée sur échafaudage. Vient ensuite la pose des auvents et du vitrage.
Accessible depuis l'autoroute grâce à l'élégant pont haubané, partie intégrante du projet, et proche des autres moyens de transport (bus, taxis), la gare sert aussi de liaison piétonne entre les quartiers de la colline de Cointe et des Guillemins grâce à deux passerelles. Revendiquant une gare « sans façade », Calatrava joue des lumières et des ombres, des lignes et des volumes. À l'intimité de la galerie sous les voies répondent la majestueuse grande arcade et le volume immense sous la voûte aérienne de verre et d'acier.
Isabelle Verhoeven
Sources |
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Caroline Lamarche, Liège-Guillemins : la gare blanche, 2010 |
ART&FACT, La gare de Liège-Guillemins, Liège, 2010 |
Pierre Loze, «Projet pour la nouvelle gare TGV des Guillemins à Liège» dans A+, n° 147, août-septembre, 1997, p.16 et 18 |
Anne Hustache, «Un espace aux ailes déployées» dans Les Nouvelles du Patrimoine, n° 126, janvier-février-mars, 2010, p.44-45 |
Inventaires#0 Architectures Wallonie-Bruxelles (2005-2010), Bruxelles, Cellule architecure de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 2010, p.237 |
Pierre Van Assche, «Santiago Calatrava. La symétrie ou la tangente ?» dans A+, n° 175, avril-mai, 2002, p.88-93 |
«La nouvelle Gare des Guillemins» dans A+, n° 220, octobre - novembre, 2009, p.8-9 |
Sourya Sukhaseum & Thomas Moor, «Liège s'éveille» dans A+, n° 205, avril-mai, 2007, p.48-55 |
Pierre-Alain Bernard, Etude et analyse de la future gare TGV de Liège, de S. Calatrava, 2000 |
Angélique Jacob, La future gare TGV de Liège, 2005 |