Complexe de logements d'Angleur

Jalon XX

L'ensemble est réalisé en plusieurs phases à partir de 1951. L'objectif est de créer trois cents logements – densité rendue nécessaire afin de rentabiliser le montant élevé de l'achat de ce terrain de 2,2 ha – répondant aux nouvelles exigences de confort (chauffage central, ascenseurs, cuisine équipée, salle de bains, mobilier de rangement, garage à vélos). 

La composition urbaine profite de l'orientation et du cadre paysager exceptionnels, entre l'alignement bâti de la rue Vaudrée, axe principal de la commune, et le flanc de colline du Sart-Tilman qui ferme l'espace, pour y inscrire avec justesse trois hautes barres perpendiculaires. Les volumes sont disposés de manière à libérer un espace central organisé en jardin et plaine de jeux avec, au sud de la parcelle, une école maternelle (1970). Les deux barres de neuf niveaux, à l'est, comptent une centaine d'appartements (1 à 7 personnes), tous dotés d'une terrasse. La première est achevée en 1954, et sa plasticité trahit l'influence de la Cité radieuse de Le Corbusier à Marseille (1947-1952) : rampe d'accès sous pilotis, matérialité de la structure et des dalles en béton armé apparent (graviers blancs roulés), expression de la cheminée en toiture. 

De l'autre côté du square, un immeuble de quatorze niveaux (1967), auquel on accède sous auvent, se développe sur toute la longueur de la rue du Vallon. Sa dimension monumentale le rend visible dans l'horizon de Liège. Pendant la longue période de construction, l'expression des architectures évolue en s'adaptant aux changements des exigences des appartements ; une partie des volumes de raccords prévus dans le plan originel entre le nouvel ensemble et le quartier est sacrifiée. La pente naturelle du terrain va offrir l'occasion d'articuler les espaces extérieurs et les accès aux bâtiments. 

Ces dernières années, en raison des exigences d'adaptation aux critères d'économie d'énergie et au standard d'habitation, les trois barres ont fait l'objet de rénovations lourdes qui ont complètement effacé l'écriture architecturale initiale.

Maurizio Cohen