Bâtiment Zenobe Gramme
Jalon XX

Bâtiment universitaire

1907 - 1911 1907 - 1911 1907 - 1911
Réalisé

L'œuvre de l'architecte Albert Dumont se caractérise par sa très grande diversité stylistique et son très grand éclectisme. Il est en effet l'architecte de réalisations aussi diverses que l'hôtel de ville de Saint-Gilles (1900-1904), l'aménagement au tournant du siècle de La Panne en station balnéaire ou la création d'une maison de style Beaux-Arts teintée d'Art nouveau au square Marie-Louise à Bruxelles (maisons Hintel, 1896). À partir de 1898, il est rejoint par son fils Alexis dont le rôle croît avec le temps. La commande en 1905 du bâtiment principal de l'Université du Travail marque le début officiel d'une étroite collaboration entre père et fils. Conçu pendant les années 1906-1907, le bâtiment est finalement ouvert à l'occasion de l'Exposition internationale de Charleroi, en 1911. L'architecture du bâtiment, classé en 2004, est restée inchangée depuis sa conception, voici maintenant plus d'une centaine d'années. L'édifice occupe l'entièreté d'un îlot légèrement trapézoïdal bordé par le boulevard Solvay, les rues Lebeau, Gramme et Fagnart. De conception symétrique, il s'adapte néanmoins à la géométrie de son contexte avec une aile plus courte rue Fagnart. Le schéma de composition est basé sur la création d'un vaste espace intérieur couvert, le musée, dédié à l'exposition de machines industrielles. La verrière est soutenue par de fines fermettes métalliques, permettant d'offrir une lumière naturelle zénithale dans un volume se développant sur une double hauteur. Au premier étage, l'espace est entouré par une galerie métallique au dessin imprégné par l'Art nouveau. Des salles de classe, conférences et ateliers se déploient dans une implantation en E dont la façade principale est orientée vers le boulevard Jacques Bertrand (aujourd'hui boulevard Solvay). À l'arrière du musée, dans l'axe de composition du bâtiment, se trouve un vaste atelier également éclairé par une lumière zénithale. L'expression architecturale est dominée par l'utilisation de briques brunes et d'éléments en pierre qui viennent souligner l'horizontalité du bâtiment. La façade vers le boulevard Solvay fait l'objet d'une attention particulière, avec notamment un jeu de maçonneries en redents soulignant l'épaisseur de la façade et le positionnement du hall d'entrée qui se démarque du reste du bâtiment par sa monumentalité, la mosaïque du sol et le traitement des murs en briques jaunes alternées avec des bandeaux blancs. Il est ornementé d'une sculpture en bronze de Constantin Meunier (Le Marteleur) et de deux lampadophores du sculpteur Jef Lambeaux. Longtemps occupé par l'enseignement professionnel de la Province de Hainaut, le bâtiment Gramme fait partie du projet Charleroi District créatif et sera, dans ce cadre, reconverti en Centre universitaire en vue d'y regrouper les enseignements de l'ULB, de l'UMons, de l'Université ouverte de la Fédération Wallonie-Bruxelles, etc.

(Voir : BPS22 ; Administration et bibliothèque de l'Université du Travail  ; La Vigie hennuyère ; Bâtiment Roullier ; Chaufferie centrale ; Université du Travail de Charleroi ; Bâtiment Langlois)

Benoit Moritz

Sources
Anne-Marie Pirlot & Jean-Paul Midant, Albert Dumont : 24 rue des Comédiens à Bruxelles, Bruxelles : AAM, 2003, p.21-24.
Maurice Culot, Charleroi, Mons, Valenciennes : villes de la frontière, Paris, Norma éditions, 2001
Fernand Bodson, «L'Université du Travail à Charleroi» dans Tekhné, n° 12, Bruxelles, juin, 1911, p.132-135.
«Exposition de la Société centrale d'Architecture de Belgique» dans L'Émulation, n° 5, Bruxelles, mai, 1912, p.37
Paul Bonduelle, «Albert Dumont» dans Le Home, n° 1, Bruxelles, janvier, 1921, p.35-37.