Le projet de Jean Cosse pour sa maison personnelle s’inscrit dans la vision actuelle du développement durable, en dialogue avec l’environnement. Il est situé sur un terrain d’angle triangulaire, dans un lotissement résidentiel très réglementé ; sa coupe en constitue l’élément fondateur. Architecture bioclimatique, elle utilise les orientations, le relief, les angles de vue et la faible déclivité vers le sud pour en déterminer les gabarits et éléments constructifs principaux. Au nord, le bureau et les pièces de nuit se superposent aux garage et services, situés en demi-sous-sol. Au sud, côté jardin, les pièces de vie et l’atelier de dessin, construit par la suite, cadrent le jardin privé, prolongé de haies et murs-écrans en briques qui dilatent l’espace exigu du terrain. Entre ces deux groupes de fonctions, le déboîtement des volumes laisse pénétrer le soleil du sud dans les pièces moins bien orientées ; le débordement de toiture est ajusté de manière à le laisser entrer en mi-saison et en hiver, tout en se protégeant de l’ensoleillement excessif d’été. Le dessin des façades permet d’expérimenter les tracés régulateurs et le carré « plus-que-parfait », plus haut que large, une correction optique qui le rend dynamique par l’ajustage du seuil, du linteau, du dimensionnement. Basée sur un tracé régulateur, l’élévation nord est rythmée par un double carré et deux carrés simples, séparés par les baies verticales vitrées ; elle s’enrichit du garde-corps en béton du palier de l’accès au bureau et de deux petits percements, carrés eux aussi, dans les pleins en maçonnerie. L’assemblage des volumes se marque en élévation ouest, les pignons explicitant le principe de la coupe, ponctués par une baie carrée reprenant le thème principal des ouvertures. La géométrie de la façade sud s’apparente aux autres avec sa grande baie vitrée aux proportions modulées et le percement carré de la cuisine. Comme l’exprime Jean Cosse : « La lumière, traitée comme un matériau palpable, s’associe à l’espace construit pour en modeler la perception et passer du plein éclairage aux zones plus sombres. Ainsi, les espaces se lient, s’enrichissent et se complètent mutuellement pour finalement s’approprier l’extérieur. »
Brigitte De Groof