L’Athénée de Waterloo constitue un des premiers grands projets de l’architecte et ingénieur. Il est aussi le premier pour lequel le cahier des charges et le dossier de soumission sont informatisés. Le maître d’ouvrage exigeait un bâtiment qui puisse servir à la protection civile en cas de catastrophe naturelle. Philippe Samyn s’appuie sur le déploiement d’une trame industrielle en tartan, afin de permettre à l’édifice d’être facilement convertible. Avec ce principe, il élabore un système morphologique proche du modèle de croissance des cristaux, ou même des fractales auxquelles il s’intéressera plus tard. Son application couplée à la préfabrication systématique des éléments permet de livrer une école au meilleur prix. Elle est toutefois encore une œuvre de jeunesse, plutôt raide au niveau géométrique, mais très efficace du point de vue spatial, et s’appuie sur une rigueur conceptuelle solide. Notons également l’usage de la couleur qui sera par la suite proscrite dans les bâtiments de l’architecte. Elle est notamment présente dans les châssis extérieurs en aluminium anodisé brun foncé dotés d’ouvrants rouges ; dans les tuyaux de chauffage ; les chemins de câbles bleu roi, eux-mêmes supportés par des portiques en acier jaune citron ; ainsi que dans les topettes des tuyaux déclinés en cinq couleurs, une par bâtiment. Il semble que Philippe Samyn fasse ce choix sous l’influence des architectes danois Friis & Moltke, dont il découvre les réalisations lors d’un voyage effectué en 1984 et durant lequel il visite un nombre considérable de bâtiments scolaires.
Anne Norman