Philippe Samyn

Gand, 1948

Fils d’un ingénieur autodidacte et d’une mère artiste, Philippe Samyn grandit à Gand jusqu’à l’âge de 14 ans, puis s’installe à Bruxelles avec sa famille. 

En 1971, il obtient un diplôme d’ingénieur civil des constructions et un diplôme d’ingénieur-urbaniste en 1973, tous les deux à l’Université libre de Bruxelles (ULB). La même année, il acquiert un Master of Sciences in Civil Engineering au Massachusetts Institute of Technology (MIT) aux États-Unis. Il obtient son diplôme d’architecte au Jury d’État en 1985 et acquiert le titre de docteur en sciences appliquées à l’Université de Liège en 1999 pour une thèse sur les indicateurs de volume et de déplacement. 

Il effectue son stage en architecture au sein du bureau de l’architecte et urbaniste Albert De Doncker. Durant ses premières années de pratique professionnelle, il partage son temps entre ce bureau et celui des ingénieurs Verdeyen & Moenaert, où il travaille à temps partiel en tant qu’ingénieur calculateur. De cette époque, date notamment la maison Boulanger à Ohain (1976-1979) qui préfigure le caractère singulier de ses constructions. 

En 1975, il devient l’associé d’Albert De Doncker dont il reprendra l’ensemble des projets à la fin de l’activité de ce dernier en 1978, date à laquelle il crée son premier bureau personnel. En 1980, il fonde Samyn et Associés. En 1986, il construit le Centre de recherches Shell à Louvain-la-Neuve (1986-1992). Cette commande marque une étape essentielle dans la carrière du bâtisseur qui démontre à cette occasion les capacités de son agence de mener à bien des projets de grande envergure et de haute technicité. D’autres commandes issues du monde de l’industrie vont lui permettre de formaliser ses recherches et de mettre ses connaissances en tant qu’ingénieur au profit d’une architecture à la fois rationnelle et onirique. 

Ses réalisations procèdent d’une démarche s’appuyant sur une analyse approfondie de tous les paramètres de la construction afin d’objectiver au maximum ses choix. L’architecture procède de l’adéquation précise entre le genius loci / l’énergie / la matière / la fonction / la pérennité / l’esthétique / l’humanisme. Sa formation d’ingénieur, doublée de celle d’architecte, lui permet d’utiliser la technologie et de la maîtriser afin de la mettre au service de la construction. Elle constitue pour lui un moyen, et non une fin. 

Il n’est pas un architecte high-tech. Sa devise est : le contexte avant tout. Il se proclame sans ambiguïté architecte contextuel, et non pas conceptuel. Il est l’auteur de plus de six cent cinquante projets, dont près de deux cent cinquante sont construits à ce jour. 

Son architecture se particularise par une approche holistique, investiguant de nouveaux modes de construction visant l’adéquation la plus efficiente possible entre le matériau, la forme, la fonction et l’énergie nécessaire à la mise en œuvre et au fonctionnement des bâtiments. La morphologie et l’étude des formes occupent une place centrale dans sa démarche. Son architecture se distingue par un usage privilégié du bois utilisé de manière non usuelle, du verre et de l’acier, mais également de matériaux de récupération, composant une architecture dans laquelle la géométrie soutient les qualités de la matière. 

Quelques éléments récurrents dans ses réalisations : double façade en verre ; construction sur pilotis, jeux d’opacité et de transparence, porosité visuelle, aucun usage de la couleur hormis la teinte naturelle des matériaux, collaboration régulière avec des artistes peintres coloristes, mais aussi sculpteurs et même des musiciens. 

Anne Norman