Abbaye d'Orval
Jalon XX

Couvent ou apparenté

1926 - 1948 1926 - 1948 2011 - 2011 2011 - 2011 2011 - 2011
Réalisé

À partir de 1070, c'est une longue histoire, faite de constructions et de destructions, qui aboutit, en 1796, à la suppression de l'abbaye, laissant pendant cent trente ans le site en proie aux intempéries et aux pillages. À la vue de cet immense champ de désolation, la famille de Harenne, propriétaire des lieux, offre les ruines d'Orval à l'ordre de Cîteaux pour que la vie monastique y soit restaurée avec l'appui de Dom Marie-Albert van der Cruyssen, ancien entrepreneur gantois qui deviendra le premier abbé du nouveau monastère, du roi Albert Ier et de l'ingénieur-architecte Henri Vaes. Dès 1926, ce dernier s'attelle pendant vingt ans à la reconstruction de l'abbaye pour laquelle il s'inspire de l'architecture de Fontenay pour l'église abbatiale, de Villers-la-Ville pour la brasserie, de Ter Doest à Lissewege pour la grange. Fasciné par l'architecture romane, Vaes cherchera dans son œuvre à supprimer ce qui est inutile ou superficiel pour que tout se réduise à de grandes surfaces, à des masses bien proportionnées sans aucune autre décoration que celle inspirée par la nécessité. Ce souhait de simplicité et de ligne pure voulu par Vaes se heurtera au père Marie-Albert qui manifestera parfois des goûts quelque peu démesurés. Toujours est-il que l'abbaye s'inscrit dans l'idéal du plan cistercien. Signalée par une façade principale qui enserre une gigantesque Vierge à l'Enfant du sculpteur Vleeshouwers, l'église, à laquelle s'adossent un cloître et le scriptorium, organise le centre d'un long développement de bâtiments claustraux en forme de L. L'enfilade des arcades est ponctuée par la tour de l'horloge et le portique du quartier abbatial avec ses quatre effigies géantes des fondateurs de l'ordre de Cîteaux dues à O. Jespers. Porterie, hôtellerie, ateliers, brasserie, grange complètent l'ensemble qui, sur son flanc ouest, préserve les ruines de l'abbaye originelle. Toute en austérité, l'abbaye est bâtie en pierre calcaire locale d'une douce couleur jaune, parfois reconstituée, et s'ouvre sur une cour d'honneur marquée en son centre par un vaste bassin triangulaire aux angles coupés. Outre les artistes déjà cités, les Servaes, Verbanck, Van Vlasselaer, Weemaes, Nicolas, Carte, Huet, Van Hamme réalisent des œuvres qui font corps avec l'édifice. L'aménagement actuel du chœur de l'église est, quant à lui, dû à l'architecte Jean Cosse en collaboration avec sa fille Florence. À proximité, le bâtiment de l'Ange gardien est construit en 1932 sur les plans d'Henri Vaes, pour accueillir les familles des moines qui ne pouvaient alors trouver à se loger à l'abbaye en reconstruction. Dès les années 1950, le bâtiment devient une auberge qui est rénovée et agrandie en 2011 par les architectes Éric Hance et Bertrand Ridremont.

Jean-Paul Verleyen

Sources
Danièle Henky & Éric Hance, Orval, histoire de la reconstruction de l'abbaye, Neufchâteau, Weyrich Édition, 2015
L'artisan et les arts liturgiques, Bruges : Abbaye de Saint-André, 1947