Le pittoresque de cette villa tient à des choix et à des mises en œuvre de matériaux librement associés à la morphogenèse du bâti. Sans prouesses ni fioritures, tout est assujetti à l'usage comme à l'agrément.
Hobé s'appuie sur des observations dans le Kent : « Pas d'architecture inutile ; du dehors on peut aisément lire sur la façade la destination de toutes les pièces : c'est de la construction rationnelle ! » À Léonce Bénédite (revue Art et Décoration) : « chaque habitation doit être faite au patron de l'occupant, tout comme un vêtement ».
Précédé d'une terrasse sous un prolongement de la toiture principale, le hall, traité comme pièce à part entière, distribue en L des lieux de vie aux dimensions réduites, agrémentés ici d'un bow-window, là d'une baie tripartite largement vitrée avec auvent à pignon sur fortes consoles. Englobant astucieusement l'office, l'escalier, marqué en façade arrière, dessert deux niveaux de chambres. La variété des prises de jour (ouvrants à la française, à l'anglaise ou à guillotine) valorise le moindre espace, où chaque recoin est exploité pour le rangement.
Sur un soubassement en moellons équarris de grès gris souris à joints ocre rouge, un cordon de petit granit souligne le parement de grès ocre jaune où les linteaux sont identiques au soubassement. Trois encorbellements de grès jaune, dont un sur pan coupé, marquent les angles, tandis que des pans de bois sur consoles hourdés de briques cimentées terminent chaque façade de manière spécifique. Une cheminée en débord signale les séjours. La couverture en ardoises est animée de lucarnes variées, les souches de cheminée reliées aux versants par de petites couvertures. L'ensemble des colombages et des pièces maîtresses de la menuiserie extérieure, volets compris, est peint d'un brun tranchant sur les remplissages blancs.
Le portail à rue est conservé, et le porche d'une conciergerie en fond de parcelle, ultérieure, est similaire à l'entrée de la villa. Publiée en Belgique, en France, en Italie, cette œuvre est de celles que Hobé s'est employé à populariser. Juste à côté, il conçoit la villa Les Bouleaux, un plan comparable engendrant une volumétrie très différente (détruite en 1941).
Raymond Balau
Sources |
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V. Pica, «Gli Edifici dell'Esposizione» dans L'Arte Decorativa all'Esposizione di Torino 1902, Bergamo, Istituto Italiano d'Arti Grafiche, 1903, p.16 |
Éric Hennaut, «Les villas de Georges Hobé» dans Le Patrimoine moderne et contemporain de Wallonie de 1792 à 1958, Namur, DGATLP, 1999, p.290-293. |
L. Bénédite, «Un bâtisseur belge : Georges Hobé» dans Art et décoration, revue mensuelle d'art moderne, n° 3, Paris, Librairie centrale des Beaux-Arts, 1901, p.89 ; 97. |