L'église paroissiale néogothique en très mauvais état est totalement restructurée par Roger Bastin. Surplombant déjà le village, cette église « néo » présentait des proportions exagérées. Il faut se replacer dans un esprit de concurrence que connaissaient les villages, chacun souhaitant avoir la plus belle et la plus imposante des églises. La reconstruction partielle, incluant un réaménagement intérieur, permet d'atténuer la séparation visuelle entre l'édifice et le contexte d'architecture rurale. Les architectes s'attellent à réduire le volume pour établir un lien apaisé entre les gabarits proches des maisons et utilisent les matériaux que l'on retrouve dans la localité. Le travail en plan, mais majoritairement en coupes, montre comment, par l'abaissement des murs de la nef, la suppression de l'abside et de la flèche, sont générées de nouvelles proportions retrouvant une forme de modestie et d'évidence dans le site. Si l'édifice fait preuve d'une sobriété, voire d'un dépouillement extrême, dans ses volumes extérieurs, c'est que l'architecte a pour méthode de partir de l'espace intérieur pour en déterminer l'ambiance et puis l'enveloppe du bâtiment, et non l'inverse. Cet intérieur, magnifié par les interventions des artistes, est animé par la lumière qu'il capte et fait rayonner.
Cécile Vandernoot
Sources |
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André Lanotte, «Numéro spécial consacré à l'architecture religieuse belge» dans La Maison , novembre, 1968 |
Roger Bastin, «Église Notre-Dame à Sart-en-Fagne» dans A+, n° 53, 1978 |
André Lanotte, Roger Bastin architecte, 1913-1986, Sprimont, Mardaga, 2001 |