La façade fluviale de Namur, du nouveau Kursaal aux viaducs du Luxembourg, est modifiée par Georges Hobé en supprimant toute trace d'activité portuaire autre que touristique, dotant la ville d'un espace public inédit, ample et novateur, ménageant une série de transitions entre voirie et fleuve. Les « affinités viaires » de Georges Hobé ont engendré un garde-corps fait pour être vu du boulevard comme du halage. Il est séquencé en trois parties : la première est entièrement en pierre de taille et conçue en lien organique avec le nouveau Kursaal, en particulier l'esplanade entre les bâtiments A et B, la suivante est en encorbellement, une structure en porte-à-faux en béton armé supportant un garde-corps décoratif en fonte de fer, la dernière section, en aval du Confluent, est identique à la première et borde un jardin créé à l'emplacement du premier Kursaal et se prolongeant jusqu'à l'École des Cadets. Le dessin des détails est totalement émancipé de l'Art nouveau et repose sur une géométrie simple et harmonieuse, intégrant de subtiles courbures de lignes en creux pour la pierre et de discrets motifs végétaux pour la partie en fonte. Les candélabres prévus à l'origine ont été redessinés dans l'entre-deux-guerres. Deux espaces résiduels, en face du pont de Jambes et au droit de l'École des Cadets, sont traités en accord avec l'ensemble, sous forme de jardins ceinturés de grilles en fonte entre pilastres aux modénatures soignées. Le portique d'entrée du nouveau Kursaal ajoutait une note raffinée à l'ensemble. La partie entre l'escalier principal et le pont de France est réalisée à la construction de celui-ci (1933, démolie en 2019). Une portion importante du garde-corps de Hobé est démolie pour la construction du pont des Ardennes, mais celui dessiné par Bastin étant une création de premier ordre, on « gagne au change ». Une rénovation du segment central du promenoir est menée à bien en 2005 par le ministère de l'Équipement et des Transports.
Raymond Balau
Sources |
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Raymond Balau, «Namur: le front de Meuse de Hobé (1902-1914)» dans La Lettre du patrimoine, n° 19, juillet-aout-septembre, 2010, p.9-10. |
Raymond Balau, «Namur, travelling Meuse : Hobé, Lacoste/Bourgeois, Bastin: virtualités de l'espace public» dans Les Cahiers Nouveaux, n° 81, mars, 2012, p.83-91. |