Dans l'église Saint-Charles Borromée de Mont-Godinne, Jean Cosse met en œuvre sa conception d'« église-maison » déjà exploitée à Waterloo et à Neuville, mais ici, plus radicalement, à la rénovation d'une église ancienne. En effet, l'église néoromane en place édifiée en 1876 sur les plans de l'architecte provincial C. J. Luffin présentait des travées et un clocher qui menaçaient ruine. Le parti premier fut d'accélérer le lent travail sélectif du temps en démolissant certaines parties du bâtiment afin d'atteindre l'équilibre de la ruine, puis, tout en intégrant les parties conservées comme témoignage, de concevoir une église répondant à la nouvelle liturgie. Le plan de celle-ci s'articule dans un sens opposé à celui de l'édifice originel dont ne sont conservés que le mur sud de la nef sur toute sa hauteur, une rangée de socles de colonnes et les murs nord et de l'abside sur une hauteur de 2,40 m. Seul le pignon d'entrée ouest dominé par un clocher d'ardoises trapu en forme de pyramide tronquée est totalement neuf. L'intérieur de l'église présente une assemblée en forme de U qui s'adosse au grand mur conservé. Quatre charpentes de bois en éventail prenant assise sur des socles anciens rythment l'espace et offrent appui à la toiture mono-pente qui s'abaisse vers le nord. En partie supérieure, une toiture horizontale donne majesté au déambulatoire d'entrée et permet, par son décrochage d'avec la toiture inclinée, à la lumière du nord de dialoguer avec la texture du mur ancien.
Jean-Paul Verleyen
Sources |
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Frédéric Debuyst, «Vers une nouvelle église-maison : essais d'application à l'église ancienne» dans L'Art d'Eglise, n° 161, octobre-novembre-décembre, 1972, p.332-338. |