Au début des années 1950, des problèmes d'insalubrité affectent les habitations des ménages modestes de la région. René Panis, associé très tôt aux travaux du conseil d'administration de la société coopérative, est chargé d'y remédier en édifiant une cité-jardin. Conçue à échelle humaine, par opposition aux grands ensembles (Bruxelles, Liège, Charleroi), la cité permet aux habitants de bénéficier d'un logement individuel confortable, adapté à leurs revenus. Construit à proximité de la ville, sur un vaste terrain à la limite de Saint-Symphorien, l'ensemble est bien desservi par la chaussée de Mons à Binche et par les transports en commun. En recul par rapport à l'axe routier, le plan-masse positionne les habitations en épis. Répartis de part et d'autre d'une voirie verte en forme de boucle, les volumes bas aux toits à double pente rappellent l'architecture vernaculaire : maçonnerie de briques chaulées, soubassements goudronnés et toits en tuiles rouges. L'écriture, réduite à l'essentiel, met en valeur les qualités de l'implantation. L'échelonnement perspectif et parallèle des groupes de constructions forme une succession de tableaux en même temps qu'il marque à l'avant-plan les limites de l'espace public, constitué de grandes surfaces herbeuses sillonnées de sentiers d'accès et comprenant des plantations distribuées avec mesure. Les livings et chambres des enfants bénéficient d'une belle luminosité, chaque fois orientés sur ces espaces verts, tandis que les jardins privés et les garages sont situés à l'arrière. La construction se déroule en trois phases : la première avec la création de cinquante-huit logements (52 maisons unifamiliales pour familles nombreuses et 6 appartements dans un immeuble de 3 niveaux), la seconde avec la réalisation de septante et un logements (4 immeubles à appartements) et, enfin, la dernière, avec une intéressante tour de quatorze étages (37 appartements et studios, tour aujourd'hui démolie). La programmation prévoit la création d'équipements communautaires, dont une église, mais seule l'école sera construite. La cité constitue rapidement une référence dans le domaine de la construction de logements sociaux, perpétuant le mouvement des cités-jardins initié en Belgique dès les années 1920. Elle marque aussi l'avènement du mouvement régionaliste montois mené, entre autres, par André Godart.
Iwan Strauven
Sources |
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Benoist Colin, René Panis, Architecture, urbanisme, rimes échappées, p.43-56 |
Jacques Dolphyn, «Ordres et grandeurs de l'échiquier urbain. La cité coopérative du Bois de Mons» dans Habiter, n° 3, janvier, 1958, p.207-220 |
Mons, coll. Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, Bruxelles, Mardaga, 2011 |
Commune de Mons, Section contemporaine, Autorisations de bâtir (1961-1977), Archives de l'État à Mons, n° AEM.01.169/15698, Mons, 1963 |
Commune de Mons, Section contemporaine, Autorisations de bâtir (1816-1961), Archives de l'État à Mons, n° AEM.01.168/15049, Mons, 1959 |
«Quartier-jardin du Bois de Mons» dans La Maison, n° 8, août, 1960, p.267-268 |