Le Musée Royal de Mariemont
Jalon XX
Musées
1962 - 1975
1962 - 1975
1962 - 1975
1962 - 1975
1962 - 1975
Réalisé
À la Noël 1960, le Musée royal de Mariemont, institution née de l'important legs consenti par l'industriel Raoul Warocqué à sa mort en 1917, est ravagé par un dramatique incendie. Le corps principal, grande bâtisse néoclassique commandée en 1831 à l'architecte Tilman-François Suys (1783-1861), est très fortement touché. Deux ailes perpendiculaires en béton armé (début du XXe siècle), abritant les importantes collections de l'industriel, dont sa magnifique bibliothèque, résistent mieux. La reconstruction du site est lancée en 1962, mais il faut attendre 1975 pour que le musée actuel rouvre ses portes. L'auteur d'un grand nombre de demeures privées, églises, séminaires, l'architecte Roger Bastin (1913-1986), est choisi à l'issue d'un concours. Il applique les préceptes du modernisme tout en affirmant une signature déjà très personnelle. Au cœur de l'écrin de nature que constitue le parc de Mariemont, un parc « à l'anglaise », devenu l'un des plus beaux arboretums du pays, Bastin envisage le musée en respectant l'esprit du lieu. C'est un lieu public certes, mais ce n'est plus un « musée temple » : son architecture est intégrée au parc comme l'était le château. Comme dans d'autres grands projets qu'il a conçus, Bastin sépare clairement les fonctions principales en quelques volumes distincts, reliés par des couloirs vitrés en un ensemble à la géométrie épurée. Dans la partie nord, on trouve les locaux administratifs comprenant bureaux, bibliothèque précieuse et centre de documentation. Les espaces dévolus aux collections sont agencés dans un grand volume cubique posé sur pilotis. Ce dispositif crée un vaste hall vitré à 360° concentrant initialement les services d'accueil. Ses portes reçoivent de très sculpturales poignées en verre coloré dessinées par Andrée Willequet (1921-1998). De là, on accède aux quatre salles du premier étage dédiées aux grandes civilisations et disposées selon un plan original en svastika. Au deuxième étage, réservé aux expositions temporaires, quatre passerelles offrent une vue plongeante sur ces grands espaces qui abritent des sculptures ou fresques monumentales inamovibles. Invisible depuis l'accès principal, le niveau -1 est de plain-pied, s'ouvrant à l'ouest sur le principal dégagement du parc. Il abrite des salles d'exposition, un auditorium et un espace de détente devenu café-restaurant. Dans l'ensemble de l'édifice, les matières utilisées sont typiques de Roger Bastin : béton brut de décoffrage, pierre bleue au sol, menuiseries intérieures en afzelia De l'ancien château, Bastin n'a préservé qu'un fragment d'aile en béton abritant à l'étage une salle au décor maçonnique égyptisant. Pour accéder à l'entrée du musée, le public contourne ce volume dont il ne perçoit d'abord qu'un mur rideau en pierre bleue bordant un bassin. Cette entrée, presque dérobée, traitée comme celle d'une habitation privée, imposant au visiteur un cheminement dans l'esprit romantique du parc, s'est immédiatement avérée trop peu lisible et a nécessité la pose d'une sculpture signal, œuvre de Francis Dusépulchre (1934-2013).
Ludovic Recchia
Sources |
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Marie-Françoise Tilliet-Haulot & Annie Verbanck-Pierard & Marie-Cécile Bruwier, Franz Cumont & Mariemont - La Correspondance adressée par Franz Cumont à Raoul Warocqué de 1901 à 1916, Mariemont, Musée royal de Mariemont, 2005, p.104-108. |
Marie-Cécile Bruwier & Gilles Docquier & Benoit Goffin, Mémoires d'Orient du Hainaut à Héliopolis, Morlanwelz, Musée royal de Mariemont, 2010, p.379-384. |
Gaëtane Warzee, Le patrimoine moderne et contemporain de Wallonie de 1792 à 1958, Namur, DGATLP, 1999, p.161-165. |
Yves Robert, «Rénovation : le musée de Mariemont» dans Les Nouvelles du Patrimoine, n° 37-38, mars, 1991, p.4-5 |
«Reconstruction du Musée de Mariemont» dans La Maison, n° 8, août, 1966, p.264-267 |