Diplômé en 1894 à l'Académie de Liège, Comblen devient stagiaire l'année suivante à l'atelier de Paul Hankar à Bruxelles.
De ce passage de six mois auprès de l'une des figures tutélaires de l'Art nouveau belge, avec laquelle il se lie d'amitié, il embrasse la vision émancipée de l'architecture : ne pas recopier les œuvres passées, être de son siècle, suivre l'évolution de l'art.
Un enseignement dont on mesure l'influence lorsqu'il travaille, entre 1900 et 1901, aux plans de transformation de sa maison : il emprunte à Joseph Maria Olbrich – auteur du pavillon de la Sécession viennoise (1898-1899), dont il visite les réalisations à l'exposition inaugurale de la colonie d'artistes Mathildenhöhe à Darmstadt –, les aplats de ciment blanc pour sa façade.
Témoin de la précocité de ces échanges artistiques transfrontaliers, la maison Comblen apparaît comme l'une des premières manifestations en Belgique des apports de la tendance germanique de l'Art nouveau, le Jugendstil, précédant localement la villa L'Aube de Gustave Serrurier-Bovy et plusieurs réalisations marquantes de Victor Rogister.
L'aménagement intérieur – dont le plan distribue les différentes fonctions au départ d'une cage d'escalier remaniée et percée d'un puits de lumière – réfère, par contre, à l'écriture stylistique de Paul Hankar.
L'architecte accorde une place centrale à la composition d'un univers onirique avec le concours de deux artistes : Oscar Berchmans pour le sgraffite (trois Parques), le lave-mains en étain de la cuisine (sirènes) et les bas-reliefs en plâtre du salon (dieu Pan, nymphe et la vague), et Jacques Jacobi, peintre suisse et ancien collaborateur de Serrurier-Bovy, pour la grande toile pointilliste de la cage d'escalier (sous-bois au dieu Pan et nymphe) et pour l'ensemble des vitraux, remarquables.
Dans une quête d'œuvre d'art totale, autre emprunt germanique manifeste (Gesamtkunstwerk), l'architecte dessine les moindres détails, usant d'incrustations d'émaux importés d'Angleterre (portes, agrafes de tentures). L'atelier de photographie, au fond du jardin, est aménagé en 1914.
Lors de la rénovation en 2007, Alain Dirix réalisera les garde-corps de la rampe d'escalier, non exécutés initialement, mais dont les plans (motifs de paons) avaient été partiellement conservés.
Thomas Moor
Sources |
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Décors intérieurs de Wallonie, tome III, Liège, Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, 2005, p.230-250 |
Laurence Ancion, Itinéraires Art nouveau , Namur : Institut Du Patrimoine Wallon, 2006, p.118-122. |
Sébastien Charlier, «Quatre maisons d'architecte à Liège» dans Les Nouvelles du Patrimoine, n° 112, avril-mai-juin, 2006, p.31-32. |
Thomas Moor, Paul Comblen 1869-1955 : de l'Art nouveau au pré-modernisme, un architecte à la croisée des influences, Université de Liège, Histoire, 2001 |
Eric Gaillard, Inventaire et conservation des vitraux de la maison Comblen, 2000 |
Thérèse Cortembos, Liège, Liège, Mardaga, 2004 |