Situés sur un même carrefour, ces trois immeubles de gabarits identiques, mais d'expressions très différentes, sont conçus par le même architecte et témoignent une fois de plus de la grande diversité d'expressions architecturales maîtrisées par Joseph André. Réalisé le premier, le n° 15 présente une sobriété rationnelle alliant un rez-de-chaussée commercial aux larges vitrines cadrées par une structure de poteaux-poutres en béton orné avec des étages au traitement plus conventionnel 1. Sur la façade, des éléments décoratifs aux motifs floraux agrémentent les vitraux des impostes des vitrines, mais aussi la structure en béton, ainsi que des médaillons sur les surfaces en briques. Les deux autres immeubles construits dix ans après présentent des points communs : l'usage d'une brique aux mêmes proportions, le traitement d'angle par un volume arrondi, l'accès au commerce abrité au-dessous et une toiture plate. Érigé sur une large parcelle d'angle aux proportions carrées, le n° 19 est caractérisé par ses volumétries progressives et l'encadrement de baies offrant une expression proche de l'Art déco 2. Le n° 20 est, quant à lui, érigé sur une étroite parcelle d'angle et assume une approche moderniste souvent aussi qualifiée de style « paquebot » 3. L'angle arrondi, en saillie à 180°, évoque une proue de bateau. Le traitement de la façade est linéaire et dominé par des horizontales formées par les allèges en briques, les seuils et les linteaux continus et les bandeaux de fenêtres évoquant un effet de continuité. Il convient de noter que cet immeuble en précède d'autres aux expressions similaires réalisés par Marcel Leborgne quelques années plus tard.
