Hôtel des finances

En 1963, Georges Bohy, ministre des Travaux publics, confie à Freddy Gallez, jeune architecte major de promotion, sa première commande publique : l'antenne administrative du Ministère des Finances sur le site du Château de fer à Ath. Le projet, de facture résolument moderniste, ne verra jamais le jour à défaut de budget et par absence de volonté politique. Vingt-cinq ans plus tard, à l'instigation de Guy Spitaels, bourgmestre d'Ath et président du Parti socialiste, la Régie des bâtiments rappelle Freddy Gallez, toujours lié contractuellement, pour étudier l'édification d'une nouvelle infrastructure des finances à édifier sur le site de l'ancienne caserne Siron (démolie en 1980) afin de rassembler les services éparpillés en ville et dans la région. L'ensemble monumental contribue à un programme de revitalisation urbaine articulant espaces publics et privés autour de la percée de l'impasse Maroille sur les rues adjacentes. Freddy Gallez use et abuse de citations empruntées à la syntaxe classico-utopiste de Claude-Nicolas Ledoux. Il apporte une attention particulière aux dessins des détails, aux matériaux (marbre blanc poli reconstitué pour la façade, zinc titane pour la toiture) et aux savoir-faire mis en œuvre par de talentueux artisans. Son écriture exprime la désillusion d'une génération d'architectes modernistes qui, étouffés par les excès de la réglementation urbanistique, trouvent refuge dans la réinterprétation de l'architecture classique. Admirateur de l'œuvre de Ricardo Boffil, Guy Spitaels soutient ce projet face à ses nombreux détracteurs. L'Hôtel des Finances, dont la terminologie est à elle seule significative d'un système marqué par le pouvoir de l'argent, constitue un témoignage significatif du courant postmoderniste en Wallonie.