Maison Robbe

Jalon XX

Jeune architecte, Freddy Gallez est passionné par l'œuvre de Le Corbusier. Il conçoit cette habitation comme une ode à son maître, s'inspirant avec originalité de l'univers architectural du grand architecte et de ses épigones modernistes. Aux accents puristes des origines, il allie une esthétique brutaliste typique de l'époque de conception. On y trouve tant l'écho des cinq points d'une nouvelle architecture chère à Le Corbusier (plan libre, toit-terrasse, volumes clairement articulés, pilotis, fenêtre en longueur) que l'utilisation du Modulor – grille de mesures constructives, calculée au départ de la taille humaine – pour définir et harmoniser les dimensions de l'édifice. L'expression est marquée par l'évolution même du maître dans l'après-guerre et mêle béton brut de décoffrage et parement de briques apparentes, le tout passé sous un badigeon blanc unificateur. Les baies sont traitées avec imagination, revisitant les concepts très corbuséens  du pan de verre, du brise-soleil, de la fenêtre en bandeau – ici traitée à 45° – et du « trou » dans le mur. Les gargouilles épurées font également partie de ce jeu de citations. Au programme d'habitation se joint un espace dédié à la musique. À l'époque de la construction, l'un des enfants du commanditaire est, en effet, étudiant au conservatoire de Bruxelles. L'architecte isole la pièce de répétition musicale dans un espace distinct, de forme cylindrique, exacerbant ainsi sa présence au sein d'une composition plastique jouant le contraste avec les volumes parallélépipédiques de l'habitation. Ceux-ci se répartissent sur trois niveaux, la distribution utilisant la déclivité du terrain et une terrasse sur la pièce de répétition pour offrir à chaque étage (entrée, jour, nuit) des prolongements extérieurs. Cette maison a été fortement altérée par les différents propriétaires successifs. Elle a subi maintes transformations, dont la suppression des meubles originellement intégrés à l'architecture. 

Patrick Burniat