Centre oecuménique de Chevetogne
Jalon XX

Centre oecuménique

1963 - 1964 1963 - 1964
Réalisé

Engagé dans différents programmes monastiques en Belgique et au Rwanda, Lucien Kroll fait don des plans et de la maquette de ce projet aux moines de Chevetogne qui adoptent d'emblée la conception peu conventionnelle et prennent en charge le suivi de la réalisation. Il s'agit d'un lieu d'accueil de groupes pour des congrès et autres rencontres œcuméniques. Discrètement situé à l'écart des bâtiments monastiques, à la limite d'un petit bois face à une vaste clairière vallonnée, le bâtiment épouse le relief en s'ouvrant sur le paysage condruzien. Outre cette référence à la nature, la géométrie du projet découle d'une recherche d'économie de matière au service d'une générosité spatiale. Les techniques constructives sont traditionnelles et les matériaux, ordinaires : briques, bois, chape d'asphalte, boiseries. Initialement en bitume, la toiture est ultérieurement couverte de zinc. L'approche du bâtiment se fait par un long chemin rectiligne en béton, scandé de quelques marches dans les pentes, traversant le bâtiment par son hall de distribution, et conduisant enfin vers une terrasse entre les arbres en contrebas. Aux entrées avant et arrière du hall, deux chaînes suspendues conduisent l'eau venant du toit dont les noues suivent l'axe du chemin d'accès. Le bâtiment s'étend perpendiculairement à celui-ci, selon un deuxième axe matérialisé par le faîte du toit. Intérieurement, les locaux sont distribués de part et d'autre du hall, dans une architecture vivante, non directive, paisiblement mouvementée et au service de la rencontre et de l'échange. Ainsi, dans la salle de conférences qui épouse la pente du terrain, l'impossibilité d'aligner le mobilier est destinée, selon l'architecte, à ce que chacun puisse voir au-delà de ses voisins et ainsi mieux apprécier les réactions. Partout, les espaces d'apparence aléatoire offrent des vues inattendues et des perspectives changeantes. Dans la salle à manger, le plan se libère des contraintes structurelles par un intelligent jeu de charpente dont l'axialité s'estompe au profit de l'amplification du local. Celui-ci s'ouvre généreusement vers le paysage, hélas, la vue panoramique initiale a été réduite par la poussée d'arbres. Latéralement, le bâtiment se prolonge par une seconde terrasse extérieure, bordée de murets en briques à hauteur d'assise. Outre son approche délicate, cette attachante réalisation dénote la farouche allergie de Lucien Kroll au fonctionnalisme du Bauhaus et annonce l'organicité de quelques-uns de ses projets ultérieurs, dont l'école de la Maison familiale, construite deux ans plus tard à Braine-l'Alleud. 

Pierre Van Assche

Sources
Ministère de la Région wallonne, Namur, arrondissement de Dinant. Vol. 22.1, Liège, Mardaga, 1996, p.270.
Simone Kroll & Lucien Kroll, Ordre et désordres, une architecture habitée, Paris, Sens et Tonka, 2015, p.6-7.
Lucien Kroll, «Abbaye de Chevetogne, Centre oecuménique Dom Lambert Beauduin» dans La Maison, n° 12, décembre, 1968, p.466-488.
«Banque Images du Service Public de Wallonie» sur le site Banque Images, en ligne http://lampspw.wallonie.be/, consulté le 01/02/2020