Palais de justice de Charleroi
Jalon XX

Palais et cours de justice

1954 - 1963 1954 - 1963 1954 - 1963
Réalisé

Le parti architectural du Palais de justice de Charleroi vise à donner une image moderne et démocratique de la justice par l'expression d'une architecture moderniste de style international, typique de l'après-guerre. La commande est attribuée au jeune architecte carolorégien Jacques Depelsenaire qui vient de remporter le Grand Prix de Rome. Les bâtiments sont implantés dans un parc public, en recul des voiries. De gabarits bas et disposés suivant une composition ouverte en U, ils comportent également des rez-de-chaussée dégagés par des pilotis assurant une vue sur le parc depuis la voirie. Cette disposition qui permet aussi d'abriter des parkings sous les bâtiments affirme à l'échelle de la ville le caractère ouvert et accessible de cet équipement public entouré d'un parc qui, depuis 2015, est baptisé « parc Jacques Depelsenaire ». Les bâtiments reposent sur une ossature en béton. Deux types de parement caractérisent les façades. Celui qui recouvre les parties pleines est réalisé en pierre bleue disposée suivant une trame carrée asymétrique basée sur des parties lisses et des petits carrés bruts en légère saillie. L'autre, qui concerne les parties vitrées, est formé par le rythme régulier d'une façade-rideau. Les proportions et agencements modernes des espaces intérieurs, remarquables par leur mobilier, les matériaux et les interventions d'artistes mis en œuvre – à l'opposé d'une conception monumentale – visent à conférer un caractère plus humain aux enquêtes et aux débats. L'entrée principale donne sur l'angle ouvert de l'îlot qui forme le parvis. L'une des façades est ornée d'une œuvre monumentale du sculpteur belge André Hupet (1922-1993). L'accès est signalé par un vaste auvent en béton au profil courbé en forme de vague. Le Palais de justice de Charleroi est l'une des rares traductions de ce programme à cette époque en Belgique. D'expression sobre et contemporaine, ce projet est aussi caractéristique d'un changement profond de la conception de l'image de la justice par rapport à celle qui prédominait au siècle précédent, soit une conception répressive exprimée par le monumentalisme, l'enfermement et le décor d'apparat. 

Isabelle Ledoux

Sources
Fonds Jacques Depelsenaire, Archive d'architecture moderne, Bruxelles.
Lola Pirlet & Maurice Culot, Charleroi d'Arthur Rimbaud à Jean Nouvel : 150 ans d'imaginaire urbain, Bruxelles, AAM, 2015, p.286-295.
«Le futur palais de justice de Charleroi» dans La Maison, n° 8, août, 1954, p.244