Hôtel de Ville de Charleroi

Jalon XX

L'édification d'un nouvel hôtel de ville digne d'une des plus puissantes régions économiques du pays figure dans l'ambitieux programme de grands travaux entrepris sous le maïorat de Joseph Tirou. Le bâtiment est élevé à l'emplacement de l'ancienne caserne de cavalerie de la forteresse, réhabilitée en 1887 en maison communale. En 1930, les autorités lancent un concours public que remporte l'architecte Jules Cézar, dont le projet est retenu au terme d'une sélection de six concurrents parmi soixante-neuf candidats. Il s'adjoint à l'architecte Joseph André qui assume seul une grande partie de l'exécution. Si la façade principale en pierres bleue et blanche puise son inspiration dans le classicisme, le beffroi qui complète, du haut de 70 m, l'édifice du côté de la place du Manège, est construit dans l'esprit art déco en briques et pierre. Le décor sculpté extérieur est l'œuvre des artistes belges Hector Brognon, Oscar De Clerck et Marcel Rau, l'équipement intérieur dessiné dans les moindres détails par Joseph André, relève d'une conception particulièrement unitaire, mêlant une palette de matériaux travaillés avec soin, tels que marbrerie, ébénisterie, ferronnerie d'art et luminaires, illustrant remarquablement l'art déco. L'espace privilégie les grandes perspectives ; il est ponctué d'œuvres sculptées, dont La Gloire et la Paix en bronze, d'Alphonse Darville, sur le palier de l'escalier monumental. Celui-ci aboutit dans l'impressionnant hall d'honneur, dont l'étage en mezzanine est articulé par des doubles colonnes en marbre clair et formant un puits de lumière grâce à un lanterneau en vitrail coloré. Illuminée par trois lustres en cristal du Val Saint-Lambert, la salle du conseil et des mariages s'ouvre par sept hautes baies garnies de vitraux représentant des blasons, tandis que les sept travées du mur opposé sont décorées par Joseph Desmedt de peintures illustrant un cortège allégorique à la gloire de la ville. 

Anne-Catherine Bioul