Centre culturel régional de Charleroi

L'Éden relève de l'initiative privée  d'auguste Cador, l'architecte communal jusqu'en 1873, auteur de vastes projets d'agrandissement pour la ville et qui fait ici un investissement financier considérable en construisant cette salle de théâtre sur un de ses propres terrains. Implanté stratégiquement entre la Ville Haute et la Ville Basse, le théâtre est équipé, dès 1884, d'éclairage électrique, de chauffage central et d'un système de ventilation. La façade est de composition classique, marquée par les hauteurs dégressives des étages et des travées régulières. La brique apparente et la pierre calcaire créent une alternance chromatique. La brasserie, indépendante et accolée à l'entrée pour ne faire qu'une seule et même composition, n'est achevée que sept ans plus tard (1891), pour des raisons financières. Cador sera aussi le premier gestionnaire avant de céder l'ensemble à la Province de Hainaut. Dans les années 1950, le bâtiment devient une salle de sport et, plus tard, il accueille une école, et la salle en devient le gymnase. au début des années 1990, une étude de réaffectation est lancée pour y installer un centre culturel. Le projet, conçu par les architectes Lhoas & Lhoas, a pour but de faire plus de place aux bureaux, de créer une nouvelle brasserie et d'adapter la salle pour une programmation plus variée. L'accès est déplacé à l'intersection des boulevards Jacques Bertrand et de l'Yser pour profiter de l'espace public plus vaste et accueillant. La structure ajoutée sur la place est l'œuvre de l'artiste Marc Feulien qui suit le principe de composition adopté par les architectes et le transpose vers l'extérieur. Elle marque la nouvelle entrée et anime l'espace public. Le nouveau programme est mis en œuvre en conservant les volumétries existantes. Les matériaux utilisés – béton brut, plancher en bois et panneaux muraux – tranchent avec l'architecture en pierre et briques de l'ensemble. La salle de spectacle est complètement vidée et reconfigurée avec des parois acoustiques, des sièges modulables et un nouveau balcon. Cela permet d'obtenir une salle de trois cent cinquante places assises et sept cents debout. Entre 2012 et 2015, d'autres travaux de rénovation et de signalisation font évoluer l'aspect du bâtiment.

Maurizio Cohen, Irène Lund & Marjorie Lefèvre