L'église Saint-Christophe s'impose, avec l'hôtel de ville, comme un symbole de Charleroi. Perchée dans la Ville Haute et culminant à 46 m, celle-ci est réalisée en plusieurs phases durant près de trois siècles. Dès 1667, et la création de la cité, sur ordre de Louis XIV, une chapelle de garnison dédiée à saint Louis est installée au cœur des nouvelles fortifications de l'époque. En 1778, une église plus grande est construite par l'architecte Flavion, destinée au culte de saint Christophe. Celle-ci résiste aux affres du temps et aux conflits jusqu'à la moitié du XXe siècle. Il faut attendre l'impulsion d'après-guerre du bourgmestre Joseph Tirou qui souhaite donner à la ville un statut de métropole pour entrevoir une rénovation complète de l'édifice. Comme point de départ, les architectes choisissent de conserver le narthex et l'abside de l'ancienne église comme témoin de l'histoire prestigieuse de la ville. À ces éléments, ils décident d'ajouter un plan perpendiculaire traversant la nef d'origine. Le tout est surplombé d'un dôme de cuivre poli de 16 m de diamètre. Le plan et la coupe reflètent la basilique métropolitaine souhaitée par les autorités communales – même si elle ne recevra jamais la bénédiction du Pape ni ce statut. En créant un nouveau chœur, les architectes modifient l'orientation de l'église de 90°. L'entrée principale se trouve alors dans une rue secondaire (rue Vauban), et l'ancienne église baroque est reléguée au second plan. Si, de l'extérieur, le parement de briques rouges rend l'ensemble austère, l'intérieur de la nef est, quant à lui, monumental et traité avec le plus grand soin. Les éléments religieux de l'axe nord-sud sont rénovés et restent à leur emplacement d'origine, tandis que, sur le nouvel axe est et ouest est constituée une mosaïque du sculpteur Jean Ransy, illustrant, sur une surface de 200 m2, le texte de l'apocalypse de saint Jean avec un christ en cuivre martelé, dont la posture exprime la résurrection et la victoire sur la mort. Le béton moucheté de la nouvelle structure donne un aspect brutal et majestueux au geste architectural.
Irene Lund, Samuel Amory & Miles Suarez Piedra
Sources |
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Pierre-Jean Schaeffer, La Basilique Saint-Christophe, Bruxelles : Les Productions de lAcacia, 2003 |
René-Pierre Hasquin, De Charnoy-village à Charleroi métropole, Bruxelles : Labor, 1969 |
Xavier Delflorenne & Christian Draguet & Nicolas Chenut & P. Peeters, La Basilique Saint-Christophe, Bruxelles : La Renaissance du livre, 2008 |