Situé à l'endroit du « Passage de la Barque », le pont de Cordemois (1928-1930) est construit à la demande de l'abbaye d'Orval afin de créer un chemin vers l'abbaye Notre-Dame de Clairefontaine. La structure est en béton, mais l'habillage de schiste et sa forme essentielle rappellent les constructions du Moyen Âge et lui donnent un aspect pittoresque. En 1909 et 1910, l'architecte Georges Hobé élabore deux projets non réalisés, dont un d'inspiration Art nouveau. Détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, il est reconstruit à l'identique. À la fin des années 1920, l'ordre de Cîteaux reçoit du baron Moffarts un terrain situé à Cordemois, sur la rive droite de la Semois, pour implanter une nouvelle abbaye cistercienne et remplacer celle détruite en 1794 par les troupes révolutionnaires françaises. La création de ce nouveau complexe est liée à celui, contemporain et plus vaste, d'Orval. Les acteurs principaux sont les mêmes – l'architecte Henri Vaes et le père Marie-Albert van der Cruyssen, animateur du renouveau religieux dans la région. Les deux chantiers sont développés en même temps et, malgré la différence de taille, une série de solutions est testée sur cette construction, modèle d'essai pour Orval. Néanmoins, le langage utilisé ici est sobre et montre le talent de l'architecte à interpréter des éléments d'inspiration gothique avec de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques constructives. L'abbaye s'implante sur la pente face à la rivière, à flanc de coteau. Une grande partie du rez-de-chaussée est donc contre terre, et l'ensemble des fonctions se développe au premier étage autour d'un cloître carré animé par un plan d'eau. L'église est disposée le long de la façade nord face au paysage. Elle est inscrite dans la longue façade de 80 m rythmée par la présence de pignons qui articulent la composition en correspondance des volumes perpendiculaires du complexe. Le réfectoire et les locaux de résidence sont disposés vers le jardin de l'abbaye à l'ouest. L'ensemble est construit en béton avec un parement extérieur enduit sobre et clair. Les intérieurs sont marqués par l'usage de pierres et de céramiques noires pour les angles des murs, les plinthes et les encadrements des baies qui contrastent avec les plafonnages blancs et les menuiseries en wengé. De nombreuses interventions artistiques peuplent les espaces internes.
Maurizio Cohen
Sources |
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Louis Van Everbroeck, «Une abbaye moderne. Notre-Dame de Clairefontaine à Cordemoy» dans Bâtir, n° 40, mars, 1936, p.600-603. |
X. Deflorenne, «Florenville, Villers-devant-Orval. L'abbaye Notre-Dame d'Orval» dans Le patrimoine moderne et contemporain de Wallonie., Namur, DGATLP, 1999, p.340-343. |
Z. Borocz & Nicholas Bullock & Luc Verpoest, «A remarkable continuity between 1930s ideas and reconstruction after the Second World War» dans Living with history. 1914-1964, Leuven, Leuven university press, 2011, p.174-187. |