Au début des années 1970, lorsque le baron Rolin développe le Bercuit, le Salon du meuble de Milan révèle à l’international les créateurs et artisans italiens. C’est dans ce contexte que les maîtres de l’ouvrage vont se laisser convaincre par le projet du Bercuit et y construire une des premières maisons résolument contemporaines, inscrites dans la végétation et ouvertes sur le golf. Le cahier des charges est clair, une maison familiale de plain-pied, accueillante avec des patios et une piscine couverte, aménagée avec des matériaux intemporels qui reflètent l’esprit élégant et chaleureux du design italien. Les maîtres d’ouvrage contactent un ami architecte Henri Montois, qui dessine peu de maisons, mais accepte la mission et charge son collaborateur Jersy Kowal de la mener à bien. Sur ce grand terrain boisé, l’implantation est libre, l’entrée et les garages côté Nord, les pièces de vie et la piscine au sud. Depuis les chemins pavés d’accès à la maison, celle-ci paraît petite et ramassée dans la végétation. Elle ne se dévoile qu’une fois la porte d’entrée ouverte, avec les larges espaces de circulation en travertin, les deux patios avec leurs sculptures et les pièces de séjour totalement en prise avec la nature. Les toitures en pente sont réalisées en cuivre, pour se fondre dans l’environnement dès que le matériau prend sa patine verte. La maison est composée de quatre matériaux principaux, le béton lisse coulé sur place, les briques de parement laissées apparentes à l’intérieur, les sols en pierre et l’afzélia pour les menuiseries et les plafonds. Un soin particulier a été accordé aux coffrages des éléments en béton, les joints sont chanfreinés et des cabochons en cuivre sont incrustés dans les trous des entretoises. Au sol, toutes les zones de circulation, le pourtour de la piscine et les terrasses extérieures sont réalisés dans le même travertin. On glisse d’une pièce à l’autre en contournant les patios, la limite entre intérieur et extérieur s’estompe… Creusée dans la pierre naturelle, une fosse extérieure accueille une table et un barbecue. La cheminée en béton s’affirme, simplement reliée aux volumes habitables par un auvent, elle accroche la maison au jardin. Le plan distingue les pièces principales, séjour et chambres par un traitement de sol différencié. L’épaisse moquette initiale a été remplacée ultérieurement par des planchers en bois. Les tables de la salle à manger et du salon sont également en travertin et ont été dessinées par les architectes. La maison n’a subi aucune transformation, mis à part une mise aux normes techniques et énergétiques. Une œuvre d’art totale, intemporelle.
Samuel Ansiaux