Albert-Charles Duesberg

Verviers, 1877 - Verviers, 1951

Formé en soirée à Liège (Institut Saint-Luc) puis à Bruxelles (Académie royale des Beaux-Arts), Duesberg travaille à Liège chez Charles Soubre, ensuite un peu à Bruxelles pour Victor Horta. Sa vie durant, il pratique aussi le dessin artistique. 

Lors du premier conflit mondial, il rejoint son beau-frère Maurice Pirenne à l'académie des Beaux-Arts de Verviers où il enseigne l'architecture, les arts décoratifs et le mobilier. 

Dans sa ville natale (et aux alentours), sa clientèle aisée est centrée sur la bourgeoisie lainière pour laquelle il construit maisons citadines et villas, mais aussi usines et bureaux, autant d'édifices caractérisés par une recherche d'équilibre entre harmonie, fonction, qualité des matériaux et coût. Sa devise est « Choisir » : elle révèle un homme cultivé, exigeant et probe, qui défend ses convictions professionnelles dans des articles et lors de conférences illustrées. 

Jusqu'en 1914, ses habitations confortables et pratiques sont empreintes d'un certain éclectisme. Des toitures d'ardoises les coiffent. La terrasse couverte, leitmotiv de l'architecte, fait son apparition. L'influence discrète du cottage anglais se poursuit au cours des années 1920-1930, notamment dans des logements collectifs, de même que l'élaboration de jardins arborés et fleuris. 

Membre entre autres de la SCAB, il est en contact avec des collègues adeptes d'un renouveau de l'architecture belge. En 1929, il effectue un virage à 180°, bâtissant plusieurs villas aux volumes sobres, couvertes de toits plats, qu'il intègre dans un paysage vallonné. Un peu plus tôt, il avait déjà testé béton armé et produits d'étanchéité en réalisant notamment la carderie Houget et l'immeuble de rapport Lamboray. Tous ces bâtiments novateurs sont publiés dans des revues spécialisées ; Duesberg y explique les avantages de cette toiture, typique du modernisme de l'entredeux- guerres. Soucieux également de la préservation du patrimoine bâti ancien, il en intègre certains matériaux régionaux (moellon, pierre de taille, brique, enduit) et élément structurel (encadrement en chêne des baies) dans de nombreuses façades. 

Partisan d'un retour à la mesure, il se situe à l'intersection des valeurs traditionnelles de l'art de bâtir et, avec modération, des avancées de l'avant-garde.

Anne-Françoise Lemaire.