Chapelle musicale Reine Élisabeth
Jalon XX

Autre programme culturel

1939 1939

C’est sous l’impulsion de la reine Élisabeth et du musicien Eugène Ysaÿe que ce bâtiment est construit à la fin des années 1930 pour y accueillir une institution d’enseignement musical dans un cadre calme et verdoyant. Des jeunes musiciens de haut niveau y sont hébergés pour leur donner l’occasion de s’améliorer et de se produire sur scène dans des conditions optimales. Situé dans le parc du domaine d’Argenteuil, le bâtiment profite d’un environnement dominé par la végétation. Construit sur deux niveaux avec des toitures plates et de nombreuses terrasses, il profite des vues sur le parc et d’une implantation qui se développe en longueur s’ouvrant vers le sud. Le parti architectural articule les fonctions en les affichant dans l’expression de la façade principale. L’aile droite accueille dans son centre le grand studio entouré par la salle à manger, celle de réception et des services. Celle de gauche, plus compacte et développée sur un axe symétrique, présente sur deux niveaux les chambres-studios pour les étudiants en résidence. Au milieu, un volume en demi-cylindre, accueillant le bureau du secrétaire, se prolonge en avant, permettant un équilibrage des masses entre les deux parties. Face à l’entrée, une esplanade minérale se termine avec un plan d’eau entouré de gazon et marqué dans son centre par une sculpture. Les deux façades latérales répondent, d’une part, à une symétrie parfaite pour l’aile des résidences alors que l’autre, vers le jardin, offre une image plus fonctionnelle et exploite la déclivité du terrain. Si l’expression des façades s’inscrit dans le courant du « modernisme national » belge, une architecture moderne tempérée et sobre, les aménagements intérieurs sont d’inspiration Art déco avec une utilisation élégante et raffinée de nombreux matériaux nobles où se côtoient les tons chauds des lambris, des parquets, du mobilier et de la décoration, mettant en valeur l’aspect prestigieux de l’institution. En 1939, ses façades sont en briques roses SAS d’Anvers et, après la rénovation de 1992, elles sont peintes en blanc, accentuant le caractère moderniste de la construction. Ce bâtiment présente plusieurs analogies (volumétrie, transition modernisme – Art déco, jardin, plan d’eau, articulation en longueur…) avec la célèbre villa Cavrois de Robert Mallet-Stevens (1932). 

 

Maurizio Cohen

Sources
M. Stockhem, La Chapelle Musicale Reine Élisabeth, Paris, Louvain-La-Neuve, 1993.
L. Novgorodsky, «La Chapelle Musicale “Reine Élisabeth” » dans La Technique des travaux, n° 1, 1940, p.2-8.
S. Maufras, «La Chapelle Musicale “Reine Élisabeth”. Une Fondation Royale » dans Clarté, octobre, 1939, p.16-20.
Gaëtane Warzee, Le patrimoine moderne et contemporain de Wallonie de 1792 à 1958, Namur, DGATLP, 1999, p.73-76.