Maison de la culture

Jalon XX

Première du pays, la Maison de la culture de Tournai est connue comme le chef-d'œuvre de Guillissen-Hoa. D'abord étendu à l'ensemble de la plaine des manœuvres, le projet ne comprend finalement qu'une unique construction, après de multiples tergiversations politiques et un retard considérable du chantier. Privé de ses abords, l'édifice reste aujourd'hui peu visible depuis les boulevards périphériques. Il n'entretient d'ailleurs que peu de relation à son contexte proche, son rez-de-chaussée se développant en surplomb. Sa façade, très articulée, témoigne du grand travail de composition mené en plan. Celui-ci présente une trame irrégulière, définie par le positionnement de « cellules spatiales » aux dimensions et affectations diverses. S'ensuit une construction dont les trois niveaux superposés travaillent majoritairement sur l'horizontale, que viennent contrebalancer quelques trouées verticales (multihauteur des salles de spectacle et des atriums). À la demande de la Ville, le hall est revêtu de la pierre de Tournai, donnant plus de prestance à ce lieu d'accueil, de réception et d'exposition. Pour l'une des deux salles, le scénographe Arsène Joukovski adopte le dispositif de « théâtre à scène ouverte avec aire de jeu variable », rompant avec la tradition. L'architecte apporte également une attention particulière à l'ensemble des fournitures, jusqu'aux clenches de portes. Visionnaire, la Maison de la culture répond aux exigences de son temps, son ouverture et sa flexibilité laissant une place aux évolutions futures. Une qualité que saisit le bureau  a practice, près de cinquante ans après le premier concours, dans le cadre de la rénovation profonde du complexe. Sa proposition, aussi évidente que discrète, part d'un double postulat : l'édifice historique possède une valeur incontestable, rendue illisible par une mauvaise exploitation des espaces. L'ambition est de dépasser cette problématique, en revenant à une sorte d'état zéro de l'édifice. Lequel est simplement mis à nu et soumis à une « réorganisation du quotidien ». Les programmes se déploient sur les trois niveaux, rentabilisant au maximum le volume à disposition. De l'extérieur, aucune transformation spectaculaire n'est à noter. Çà et là, on remarquera les nouveaux châssis, la marquise d'entrée ou la petite extension de l'asbl. À l'intérieur, la transformation est radicale pour l'usager, sans pour autant bouleverser son cadre d'évolution. Un simple mobilier satisfait la volonté d'« intervenir le moins possible et le plus précisément possible ». 

Charlotte Lheureux, Jacky Legge