L'Université de paix est fondée en 1960 par le père Pire du couvent de la Sarte à Huy, qui vient de recevoir, deux ans plus tôt, le prix Nobel de la paix ; souhaité comme un lieu de rencontres et d'échanges internationaux pour la jeunesse, le projet s'inscrit comme une île – à l'instar des îles de Paix, que le dominicain fonde en 1962 – dans le paysage improbable de la vallée de la Meuse, à Tihange.
Le programme se glisse entre les deux dalles en béton armé du parvis et de la toiture, dans la maille structurelle de 5 x 10 m des poutrelles en acier. La mécanique spatiale et sa rude matérialité construite se résument à deux plans horizontaux texturés, la transparence complète des fenêtres et portes (châssis bois) pour rejoindre le ciel du patio ; et, enfin, des écrans en briques mécaniques pour arrimer le vide principal et enclore les espaces privatifs et techniques.
Mais il y a plus à y voir : le socle, en lévitation au-dessus du terrain naturel, forme une scène à la géométrie abstraite qui organise toute la représentation. Le point focal du plan d'eau fonde le carré du patio central, lui-même inscrit dans le carré du péristyle, figure typique d'un parallélépipède claustral.
Il n'y a pas de couloirs à proprement parler, mais deux circulations en spirale ; l'une autour du patio, l'autre autour de la construction sur le tapis autonome du parvis, qui convoque un fragment de nature strictement plantée. La boucle est bouclée, l'île universelle moderniste a pris corps.
Bien que dénaturée, abritant aujourd'hui le Centre d'économie sociale de Huy (le Centre Nobel), la réalisation – qui décline magistralement les préceptes modernistes de l'École de Chicago et spécifiquement la syntaxe expérimentée par l'agence Skidmore, Owings & Merrill où Jean Godart effectue son stage en 1957 – peut et devrait raisonnablement être réhabilitée.
Georges-Éric Lantair
Sources |
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L'université de Paix, s.l., s.n., ca 1965, p.3 |
«Prix Van de Ven 1964» dans Architecture, n° 58, mai-juin, 1964, p.519 |
«Université de la Paix à Tihange» dans La Maison, n° 3, Mars, 1964, p.74-745 |