Le sculpteur et orfèvre Fernand Dubois est un ami de l'architecte Victor Horta avec qui il collabore dès le début de sa carrière en travaillant à la décoration de l'une des œuvres fondatrices de l'Art nouveau belge, l'hôtel Tassel, à Bruxelles (1893). En 1901, il lui fera construire sa maison-atelier à Bruxelles (avenue Brugmann) pour ensuite lui confier le projet d'une maison de villégiature à proximité de l'abbaye de Maredsous, sur les hauteurs de la Molignée, localité habituelle de ses vacances. Il s'agit d'une des plus remarquables réalisations du maître de l'Art nouveau en termes de maison extra-urbaine. C'est également une des dernières réalisations résidentielles de Horta qui se consacre ensuite à la construction de projets de grande envergure (grands magasins, hôpital Brugmann, gare Centrale de Bruxelles, musées
). Le site choisi, au sommet d'une colline, permet de profiter de vues dégagées vers la vallée subjacente. Entourée par des bois, la maison s'élève avec deux grands étages qui surgissent d'un socle adapté à la topographie du terrain. Les pièces principales de la maison s'ouvrent vers le paysage au moyen de terrasses, loggias et bow-windows. Le plan est conçu de manière à profiter au maximum des meilleures vues, ainsi le séjour est orienté au nord et la cuisine au sud. La hauteur des niveaux et l'utilisation d'une toiture débordante à forte inclinaison – recouverte d'ardoises aux tons gris-bleu – donnent à la construction une expression monumentale. Celle-ci est renforcée par la mise en œuvre sobre et soignée du parement en petit granit du Bocq (ou calcaire de Landelies), une variété locale de pierre bleue utilisée aussi dans l'abbaye voisine. Ce matériau habille l'ensemble des façades et des détails, et accentue le caractère monochrome de la construction qui se fond dans le paysage. Les maçonneries sont en moellons irréguliers, tandis que des claveaux mieux appareillés sont utilisés pour les arcs des baies. Horta utilise des éléments taillés pour les corniches, les chaînages d'angle, les meneaux des fenêtres, ainsi que pour les appuis. Pendant la guerre, la maison sert de refuge pour des jeunes filles de la région grâce au grand nombre de chambres à coucher ainsi qu'à sa position isolée et protégée. Tout en subissant quelques modifications en raison des nombreux passages de propriété, elle est encore bien conservée dans sa volumétrie et ses caractéristiques.
Maurizio Cohen
Sources |
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Michèle Goslar, Victor Horta : 1861-1947, Bruxelles, Fonds Mercator, 2012, p.448-451. |
Maurizio Cohen, Victor Horta, Bologne, Zanichelli, 1994, p.144-145. |
Anne Hustache, «La villa Haute Bise» dans Le patrimoine moderne et contemporain de Wallonie, Namur, DGATLP, 1999, p.361-364. |