Monumental et emblématique, le bâtiment se dresse le long d'une route d'accès à Namur. Isolé par rapport aux constructions de l'îlot et en recul par rapport à la rue, son profil élancé est un repère majeur du paysage.
Au début des années 1930, l'abbé Hiernaux achète un terrain et cherche les fonds permettant la construction d'une nouvelle église pour le quartier. Après un premier projet d'inspiration éclectique, l'évêché mandate l'architecte Ghequière qui propose une architecture s'inscrivant dans ses recherches : un plan central en croix grecque, une ossature en béton armé avec des colonnes arborescentes qui s'apparentent aux profils des ouvertures en arcs angulaires tronqués des façades.
Dans un premier temps, l'architecte cherche à utiliser le procédé Hennebique qui n'est finalement pas employé pour des raisons de coûts. L'habillage des façades est en moellons de grès de Poulseur et d'Arbre avec des détails en pierre reconstituée.
Le volume – régulier et symétrique – est prolongé d'un porche surmonté d'un clocher-tour de 40 m. Son profil en « escalier » et les géométries des ouvertures du clocher de 40 m s'inscrivent dans le courant Art déco, tout en privilégiant le contraste des masses aux rares détails élaborés.
En 1948 commence l'intervention du père Couturier qui remplace une partie des vitraux et réalise un triptyque de fresques de 11 m de haut conçues comme de grands tableaux et exécutées en camaïeu. Ce dominicain, artiste et théoricien de l'art, est l'un des principaux acteurs du renouveau de l'art sacré en France après la Seconde Guerre mondiale, commanditaire de Le Corbusier pour le couvent de la Tourette et l'église de Ronchamp. Une partie importante des décors intérieurs est supprimée après le concile Vatican II.
Dès 1958, Louis-Marie Londot intervient plusieurs fois en introduisant des mises en couleur élégantes et efficaces qui permettent d'établir un équilibre entre la structure, les fresques imposantes de Couturier et les exigences d'éclairage et d'aménagement.
Maurizio Cohen
Sources |
---|
André Lanotte, «Namur- Belgique 1950-1960» dans L'Art d'Eglise, n° 112, 1960, p.355. |
André Lanotte, «Présentation d'un effort diocésain. Namur - Belgique 1945 - 1950» dans L'Art d'Eglise, n° 2-3, 1950, p.58. |
Marc Simon, «Albert Ghequière» dans Nouvelle biographie nationale, n° 7, Bruxelles, 2003, p. 155-156. |