Hôtel de ville de Quaregnon

Jalon XX

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la plus importante commune boraine est confrontée à la déprédation de son cadre physique, due à l'extraction intensive de la houille, se traduisant en affaissements de terrain, inondations et taudification généralisée de son habitat. « Tout cela explique pourquoi Quaregnon possédait des écoles pitoyables par leur vétusté, une église en bois, une maison communale sordide », relate Pierre-Louis Flouquet, rédacteur en chef de la revue d'architecture Bâtir. Le programme d'urbanisme initié par l'Office de redressement économique (OREC) – dont Henry Van de Velde est le conseiller esthétique  – prévoit l'amélioration des conditions sanitaires (épuration des eaux, construction de routes et de cités-jardins) et la réalisation d'importants équipements publics (maternité, home, plaine de jeux, piscine), dont l'école et l'église sont les premières bâties, suivies de l'hôtel de ville. « Ici triomphent l'espace, l'ordre, la lumière », poursuit Flouquet à son sujet, et « la façade combine un soubassement, un portique, des seuils de fenêtre, cordons et couvre-murs en pierre de taille et un parement général en briques claires, relevé de quelques éléments de céramiques. La silhouette hardie de l'édifice, son rythme élégant et robuste lui confèrent un réel prestige architectural ». Le rez-de-chaussée comprend un vaste hall, distribuant la salle du conseil, des mariages et les locaux administratifs, se poursuivant par un escalier monumental vers la salle de spectacle et de danse, au premier étage (800 places). Le commissariat de police et l'assistance publique sont logés au rez-de-chaussée à l'arrière. L'historien Gérard Bavay voit dans l'édification de l'hôtel communal de Quaregnon « le couronnement d'une politique et l'expression d'options esthétiques et de choix architecturaux qui engage l'ensemble du cadre de vie, à une époque dont on n'oubliera pas qu'elle est dominée par une crise économique d'une extraordinaire ampleur et par les échos de plus en plus insistants du cliquetis des armes ». L'hôtel communal de Jemeppe-sur-Meuse à Liège reproduit les principales caractéristiques du bâtiment (architecte Joseph Moutschen, 1947). 

Thomas Moor, Etienne Godimus