Pont d'Harchies

Ponts et passerelles

2014 - 2015 2014 - 2015 2014 - 2015
Réalisé

À l'instar des ponts sur l'Escaut autour de Tournai, le pont d'Harchies est de type bow-string. La structure portante est donc au-dessus du tablier, ce qui permet de réduire l'épaisseur et de porter le tirant d'air sous-jacent à 7 m, ce qui correspond au gabarit fluvial prévu pour le canal Nimy-Blaton. Les arcs et les suspentes sont en acier, la dalle du tablier et les culées sont en béton armé. Bien que de même typologie structurale, cet ouvrage est fort différent des autres ponts bow-string, plus anciens et plus conventionnels. Les arcs ne sont pas liaisonnés en tête ; leur contreventement est assuré par les encastrements dans les culées. Ils sont inclinés vers l'extérieur, ce qui, esthétiquement, ouvre et allège l'ouvrage et, structuralement, favorise la reprise de l'action du vent sur le tablier. Contrairement à la plupart des ponts, celui-ci est un « pont intégral », c'est-à-dire qu'il n'y a pas de joints entre le tablier et les culées, lesquels forment un ensemble monolithique. Cette option, pratique et économique, empêche la libre dilatation de l'ouvrage et l'oblige à résister aux efforts provoqués par les variations thermiques. Le calcul de ces efforts internes n'est possible que par modélisation informatique, ce depuis seulement quelques années. Celle-ci permet l'intégration des objectifs structuraux et architecturaux et la réalisation d'œuvres globales alliant optimisation technique et esthétique. Le pont d'Harchies remplace un pont en béton précontraint (Capel, 1954) d'un tout autre type, dont on trouve encore des exemples sur le canal. À l'époque, l'ancien ouvrage constituait une prouesse technique, mais la différence esthétique est éloquente : d'un travail d'ingénieur (limité à des formes relativement simples par les possibilités de calcul et de réalisation), on passe à un travail d'ingénieur-architecte, un exemple magistral du « pont du XXe siècle ». Autre spécificité, le pont d'Harchies a été réalisé après la mise en service du canal. L'ossature métallique de la nouvelle construction (270 t) a été construite sur la berge, puis poussée vers sa position définitive en prenant appui provisoirement sur une barge flottante.

Michel Provost

Sources
Stéphane Vercruysse, Notes du SPW Direction des Voies hydrauliques de Mons
Ney + Partners, en ligne https://www.ney.partners/fr, consulté le 01/02/2020
J. Capel, «Construction de huit ponts en béton précontraint» dans Travaux, n° 242, 1954, p.835-842