Cimetière américain de Henri-Chapelle
Jalon XX

Cimetières

1960 - 1960 -
Réalisé

Implanté sur une crête à l'endroit de cimetières temporaires érigés au cours du conflit,le site domine les magnifiques paysages du Pays de Herve. D'une superficie totale de 23 ha, il est un des plus vastes sites classés de notre pays. En 1949, l'État belge achète le terrain pour le céder aux États-Unis. Les autorités militaires en confient la gestion à l'American Battle Monuments Commission. Près de huit mille soldats y reposent,tués pour la plupart lors de l'offensive des Ardennes et durant l'avance alliée en Rhénanie, de l'automne 1944 au printemps 1945. Les architectes Holabird, Root & Burgee – dont la première génération conçoit certains des premiers gratte-ciels dans l'esprit de l'École de Chicago – et l'architecte-paysagiste Franz Lipp dessinent le cimetière et le mausolée.Ils tracent un grand axe longitudinal avec, d'un côté, le promontoire surplombant la vallée de la Berwinne, de l'autre, le cimetière de 8 ha en pente douce vers la vallée de la Gulp. Un mur d'enceinte le cerne, doublé de haies d'aubépine ou de bois comme toile de fond, séparant le cimetière de son environnement. Les sépultures, repérées par des croix en marbre, sont réparties en huit rectangles courbes séparés de bandes gazonnées. Elles sont implantées selon un dispositif géométrique complexe, combinant orthogonalité et arcs de cercle. Le mémorial se compose d'une colonnade de douze paires de piliers rectangulaires sur lesquels sont gravés les noms de quatre cent cinquante disparus,dont les restes ne furent jamais retrouvés ou identifiés, ainsi que le sceau de chacun des États des USA. Treize étoiles en mosaïque de pâte de verre dorée sont incrustées dans la fine lame de toiture qui coiffe l'ensemble. Deux volumes semblables avec chacun leurs nuances – une chapelle et un musée – cernent la colonnade. D'un côté, la monumentalité, la solennité et la symétrie du dispositif paysager et architectural, le recours à des éléments symboliques évoquent la grandeur des États-Unis et l'héroïsme des soldats. D'un autre,la simplicité du dispositif, les bosquets parsemant les rectangles de tombes, la présence de vergers évoquant la région, les inscriptions gravées sur les stèles des soldats non identifiés inspirent dignité, émotion et sérénité. 
 

Norbert Nelles

Sources
Ph. Plumet, «Cimetières militaires : lieux de mémoire, traces d'histoire» dans Les Cahiers Nouveaux, n° 89, 2014, p.65-70