Pensionnat Passy-Froyennes

Internats / Homes d'étudiants

1904 - 1905 1904 - 1905
Réalisé

Élément fort de la périphérie tournaisienne, le pensionnat Passy-Froyennes a été créé pour accueillir des étudiants parisiens à la suite de l'instauration de la loi Combes en France. Réalisé en un temps record (15 mois), il est l'œuvre de l'architecte Clerbaux et constitue l'une des dernières réalisations néogothiques à Tournai (représentées par les architectes J. Bruyenne, L. Cloquet ou le baron J. de Béthune). Alors un signe d'appartenance au monde chrétien, le style s'affiche clairement sur les façades de la bâtisse, dont l'implantation et le plan n'en montrent pas moins une certaine modernité. Sur l'aspect néogothique, on remarquera la rigueur et la symétrie du plan, l'élancement des volumes, le rythme soutenu des baies ou encore le dessin de certains détails (frontispice et colonnes encadrant le porche du corps de bâtiment principal). L'alignement de lucarnes au niveau de la corniche et au droit des meneaux subdivisant les centaines de fenêtres accentue la sensation de verticalité, typique du mouvement gothique. Un même esprit se retrouve dans les parties arrière, dont la surélévation plusieurs années après le chantier reste lisible à travers une teinte de brique légèrement différente. Sur l'aspect moderne, on relèvera les conditions autarciques du site à son origine : outre une école et un pensionnat, outre un potager, une boulangerie et une piscine, la nouvelle école profite d'un arrêt de train créé spécifiquement pour sa desserte. Le programme et sa distribution montrent également une certaine innovation : une chapelle cruciforme, lieu de recueillement, se superpose à un théâtre, lieu de loisir ! Et si les façades recourent à un matériau traditionnel (maçonnerie de briques), la structure allie le béton et l'acier, et certains éléments intérieurs recourent à des modes de production novateurs (préfabrication des escaliers, dont les rampes en fer forgé témoignent de l'influence Art nouveau).

Sources
Gérard Monnier, «Pérennité du gothique» dans Sociétés & Représentations, n° 20, 2005, p.175-184
Le patrimoine moderne et contemporain de Wallonie de 1792 à 1958, Namur, 1999, p.204-207.
F. Clerbaux-Roels, «Paul Clerbaux, un architecte du 20e siècle» dans Bulletin d'information de l'Association des guides de Tournai, n° 3b, décembre, 2003, p.12-14