Chantier Expérimental Permanent d'Architecture Sculpture

Ce projet, qui reste aujourd'hui inachevé, témoigne de la volonté de Jacques Gillet de conférer une pérennité aux chantiers expérimentaux régulièrement menés avec ses étudiants en architecture : sur le site d'une ancienne carrière, il conçoit un ensemble ambitieux, comprenant ateliers, entrepôts et logement, pour lequel il obtient un permis de bâtir en 1976. 

Malgré le caractère expérimental du projet, les dessins, qui datent de 1979, sont d'une précision telle que la marge de manœuvre accordée aux étudiants est relativement faible. Travaillant d'abord sans l'aide d'aucun corps de métier, Gillet s'adjoint, à partir de 1980, l'aide d'un menuisier pour les coffrages des voiles de béton du socle. Ceux-ci, terminés en 1988, expriment la synthèse de l'architecture et de la sculpture, thème cher à l'architecte. 

Laissé un temps à l'abandon, faute de moyens, le chantier ne reprend qu'en 1995, avec la réalisation d'une partie de la superstructure métallique par le chaudronnier Dieudonné Dejardin. Malgré son inachèvement, cette œuvre utopique, transposition, à l'échelle condruzienne, du Taliesin de Frank Lloyd Wright, reste un témoignage essentiel de la pensée de l'architecte. 

Au-delà de l'aspect formel, elle incarne une approche personnelle de la pédagogie du projet, qui constitue sans aucun doute son apport le plus précieux à l'architecture de la région liégeoise au sein de l'Institut supérieur d'architecture Lambert Lombard (aujourd'hui Faculté d'architecture). 

Claudine Houbart